Le lundi 13 novembre, 14 h : Castillon-du-Gard
Visite du village médiéval de Castillon-du-Gard guidé par un nouveau zébrinien, Michel Hivernaud, qui le connait bien. Il nous propose de découvrir des immeubles du 10e au 15e siècles, la chapelle romane, la place aux oliviers centenaires, la belle vue sur le Pont-du-Gard… et même un chemin de pierre sèche.
Rendez-vous à 13h30 au parking de la salle polyvalente d’Arpaillargues pour covoiturage ou à 14h au parking du château d’eau de Castillon.
L’automne, ce jour là, avait tout de l’été indien. Une belle journée pour se promener dans les rues de Castillon-du-Gard, un village de 1700 habitants, bien proche d’Arpaillargues et Aureilhac, mais pourtant méconnu, alors qu’il passe pour être un des plus beaux villages de l’Uzège avec « une étoile au guide vert ». C’est accompagné d’un tout nouvel ancien castillonnais que quatorze zébriniens l’ont découvert.
Notre guide
Michel Hivernaud est un nouveau zébrinien et un nouvel Arpailllarguois, il a adhéré à la Zébrine à la Journée des associations de cette année, le lendemain de son arrivée au village ! Il a habité une dizaine d’années à Castillon où il a participé à la vie associative et communale en temps que Conseiller municipal. Il connait bien ce village dont il est « tombé amoureux », son histoire, ses maisons médiévales et nombre de détails et anecdotes qu’il va nous faire découvrir au fil du parcours.
Le château d’eau
Le rendez-vous était sur le petit parking du château d’eau, une grande tour circulaire de pierres au plein centre du vieux village. C’est dire l’importance de l’eau car il n’y avait pas d’eau à Castillon qui se trouve sur un piton rocheux de calcaire gréseux dont la pierre est proche de celle du Pont-du-Gard. Pas de source, pas de puits mais des citernes dont la « citernasse » dont on parlera plus tard. Ce château d’eau a été construit pour alimenter le village et les villages alentours, ce qui explique sa dimension. Aujourd’hui il n’est plus en service.
Le cimetière
Nous commençons rarement la visite d’un village par son cimetière mais celui-ci, peu éloigné du château d’eau, présente quelques particularités que Michel a voulu nous présenter. D’abord sa situation : pour agrandir l’ancien cimetière qui se trouvait comme dans tous les villages autour de l’église, le seul terrain disponible était hélas très pentu. Les castillonnais ont dû ramener de la terre pour l’aplanir pendant des années. C’est ainsi que la partie la plus ancienne présente une belle allée de cyprès et des tombes enterrées alors que dans la partie récente les tombes sont posées au sol sur une dalle de béton. Parmi les tombes fleuries en cette période, ont peut remarquer celles de quelques personnalités et célébrités qui ont vécu au village.
La tombe de Pierre Parsus
Le peintre du village a habité une maison à proximité de la mairie depuis les années 60 jusqu’à ses 100 ans, alors qu’il l’avait vendue en viager à la commune ! Ses œuvres sont très colorées, elles ont été présentées en une rétrospective en 2017 au Musée du Pont-du-Gard.
La tombe d’un Nobel
Niels Kaj Jerne était un immunologiste danois qui a reçu le prix Nobel de physiologie et médecine en 1984. Un beau profil de métal à la Cocteau orne sa tombe.
La plaque d’un « maître » de l’Ikebana
Giorgine Du Quesne Van Bouchem était bien connue des Uzégeois pour ses expositions et ateliers, elle a même créé une école de cet art floral japonais.
La vue panoramique du Pont-du-Gard
Nous remontons vers le centre en passant entre de beaux murs de pierre sèche formant enclos plantés d’oliviers, pour atteindre le panorama, sorte de promenade aux pieds des anciens remparts dont nous remarquerons des tronçons de-ci de-là. Hélas la luminosité estompait la belle vue sur le pont en ce début d’après midi. Il nous faudra revenir le matin, mais Michel a profité de ce panorama sur la plaine et la chapelle St Caprais pour nous parler de l’origine du village. Il s’est formé autour de deux hameaux aujourd’hui disparus : St Caprais et St Christol, dont il ne reste que les deux chapelles du même nom. A proximité de St Caprais se trouve la Villa gallo-romaine de la Gramière. Elle atteste de l’antique naissance de Castillon qui, au 11e siècle, s’est déplacé sur le piton rocheux pour plus de sécurité. En fin de parcours, un autre magnifique point de vue, à l’opposé, nous dévoilera la chapelle St Christol.
La ruelle de l’articoyse
Saluant les joueurs de boules et passant devant de vieux et étranges micocouliers, nous atteignons, toujours en contournant le centre du village, une ruelle qui descend vers la plaine. D’abord en escalier elle devient chemin de pierre sèche avec calades et murs de soutènement où travaillent les bâtisseurs du Syndicat mixte des Gorges du Gardon dont nous a parlé Daniel (notre murailler).
Le centre du village
Nous remontons vers la place du village où se trouvent l’église, l’école, le café et les restaurants fermés en cette saison.
L’église
Construite au 19e siècle elle porte le vocable de Saint Christophe. Elle présente, elle aussi, une particularité. Elle est construite en deux parties avec des pierres différentes. Une fois le bas élevé, il n’y avait plus de moyen pour construire le clocher qui porte l’horloge et la cloche. C’est ainsi que la tour de l’horloge au centre de la place fut démolie et remontée en clocher de l’église. Il n’y a pas, comme dans beaucoup de villages, l’heure civile et l’heure religieuse mais un seul clocher avec horloge (qui sonnait clairement les trois heures pendant l’explication). Aucun Castillonnais n’y a trouvé à redire. Il faut savoir que le village est tout catholique, point de temple et point de protestant. Mais l’histoire fut mouvementée pendant les guerres de religion où il fut pris par les huguenots repris par les catholiques plusieurs fois, endommageant grandement les lieux et les gens. Ce qui explique l’importance de l’église et le nombre de croix. Un trentaine sont visibles, croix de chemin et croix de missions disséminées dans tout le village.
Les maisons médiévales
Empruntant le lacis des ruelles, nous passons devant de nombreuses maisons d’origine médiévale avec linteaux sculptés et en accolade, fenêtres d’angles à meneaux, galeries sur corbeaux, échoppes, gargouilles… La première observée est une ancienne forge ou un ancien presbytère, bien restaurée et sans doute modifiée, elle est intéressante. Elle présente des parties du 13e au 17e siècle.
La suivante est une des maisons à linteaux sculptés. Elle possède un large linteau où les compagnons tailleurs de pierres ont gravé un compas, un niveau, une escoude et une équerre. Elle fut la maison d’une « Mère » de compagnons, lieu d’accueil bien apprécié sur le Tour de France, car elle offrait le gite et le couvert. D’autres encore présentent des dates richement sculptées « 1648 », entourée d’une tenaille et d’un fer à cheval, ce qui indiquerait encore une forge.
L’église romane
Poursuivant la rue du presbytère, nous atteignons l’École maternelle à la cour fermée par une jolie grille ouvragée. Nous nous trouvons devant l’ancienne église romane désacralisée et raccourcie pour élargir la rue et qui fut transformée en école.
Le vieux Castillon
Cet Hôtel 4 étoiles possède plusieurs immeubles au plein cœur du village. Sa vaste cour-jardin serait même l’ancienne place du village sous laquelle se trouve une grande citerne : la citernasse. L’immeuble de l’autre côté de la ruelle est le plus connu et le plus beau de Castillon, autrefois nommé par erreur la citernasse. C’est une maison renaissance avec une terrasse et un balcon de pierres sur corbeaux et une fenêtre d’angle à meneaux obstruée. Un peu plus loin, derrière un porche se trouverait l’ancien château dont il reste peu de vestiges mais qui abrite aujourd’hui une immense piscine avec une vue superbe !
La place du Castellas
Traversant de jolies ruelles, nous atteignons la place du Castellas où trône la belle fontaine Castelione surmontée d’un lion en référence à l’appellation Castellione du 13e siècle et du Castrum Castilionis du 14e.
Maître Henry
Michel a évoqué à cet endroit, un personnage atypique du village, Maître Henry, conteurs d’histoires et de poésies qui déclamait dans les rues coiffé d’un grand chapeau. Il était aussi tailleur d’oliviers et possédait le premier projecteur de films dont il faisait profiter les habitants, accueillant ainsi le premier cinéma du Gard (rivalisant avec le cinéma d’Uzès ! ).
La porte du Castrum
Nous arrivons à la porte d’entrée du village médiéval protégée par la Maison des gardes qui présente deux curieuses ouvertures en biais, des meurtrières de défense. Passant sous l’arceau contenant autrefois la herse, nous nous trouvons à l’extérieur, face aux restes de remparts construits sur le rocher, nous rendant bien compte de la situation de défense de ce castrum.
Les moulins à vent
Il ne manque rien à Castillon. Églises, chapelles, lavoir, château en ruine, citernes, maisons médiévales… et même un moulin et qui plus est, deux moulins que nous atteignons par la rue du même nom. Le plus ancien de 1719 est bien restauré avec ailes et toit en bois. Les deux se trouvent intégrés dans un terrain privé, chacun près d’une villa.
Les villas Massota
A proximité des moulins, sur le plateau calcaire autrefois en pleine garrigue, se trouvent les maisons d’un célèbre architecte nîmois, Joseph Massota, disciple de Le Corbusier et d’Oscar Niemeyer, qui privilégie la courbe. Ce lotissement « La garrigue » compte cinq villas, maisons des années 60, elles sont blanches, de formes arrondies, épurées, bien intégrées au paysage. La villa la plus connue a une forme d’escargot, elle est bien visible de la route des Croisées en contrebas. Ces villas sont classées « Patrimoine du XXe siècle ».
Point de vue
Contournant la maison escargot, nous atteignons un autre panorama sur la plaine viticole où se trouvent les ruines de la chapelle St Christol (ou Christophe), vestiges du second hameau d’origine de Castillon. Les couleurs d’automne sont superbes et la vue porte très loin.
Que d’eau !
Nous retournons vers le centre du village et passons devant la fameuse maison Parsus, grande bâtisse ancienne presque en face de l’andronnette, petite ruelle surmontée de quelques arceaux. Nous passons sur la place centrale sous laquelle se trouve encore une immense citerne au point où certains ont pu voguer sur une barque ! Et nous retrouvons le château d’eau, bouclant la boucle et comprenant mieux l’importance de cet édifice et surtout de l’eau, ce bien universel si précieux, parfois trop rare, parfois trop abondant, comme dans l’actualité.
Michel fut applaudi et chaleureusement remercié, d’autant qu’il avait poussé la perfection jusqu’à nous offrir de petits gâteaux au chocolat maison.
Patrimoine et gourmandise, tout ce qu’aiment les zébriniens !
Pour aller plus loin
- Pierre Parsus
- Joseph Massota architecte de la modernité
- Castillon-du-gard village près du Pont-du-Gard
Quelques photos de la visite
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