Visite du Musée de la Romanité à Nîmes
Ouvert en juin 2018, au cœur de la cité nîmoise, face aux célèbres Arènes bimillénaires, le Musée de la Romanité présente les riches collections archéologiques de la ville en soulignant l’influence des constructions antiques sur le développement de Nîmes.
Rendez-vous : 9h30 au parking de la salle polyvalente pour co-voiturage. Visite guidée à 10h45 suivi d’un repas à la Table du 2 du Musée.
Le Musée
Situé tout à côté des Arènes, le nouveau musée de la romanité, ouvert en juin 2018 est résolument contemporain. L’architecte Elizabeth de Portzamparc a voulu instaurer un dialogue architectural entre les deux bâtiments que séparent 2000 ans d’histoire. D’un côté, un volume rond, entouré par les verticales des arcs romains en pierre et bien ancré au sol, de l’autre un grand volume carré, en lévitation et entièrement drapé d’une toge de verre plissé. En effet, les ondulations du « voile » du bloc d’acier évoquent les plis d’une toge et les 7000 lames de verre translucide rappellent les tesselles des mosaïques.
La visite
Notre guide, jeune, claire et dynamique nous a conduit dans un voyage dans le temps au fil de l’histoire de Nîmes, du VIIe siècle avant JC jusqu’au Moyen-Age, pour appréhender le processus de romanisation de la société nîmoise avant, pendant et après l’occupation romaine, ce qui a marqué profondément la ville, lui conférant une spécificité dans le monde romain.
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La période gauloise
Empruntant l’escalier d’acier circulaire à double révolution, les 21 zébriniens ont donc commencé par découvrir les témoignages de la ville préromaine (ou gauloise) avec une inscription gallo-grecque sur un fronton. La langue gauloise n’étant pas écrite, elle empruntait l’écriture grecque, ce qui rappelle la présence des grecs avant celle des Romains dans la capitale des Volques Arécomiques. Certains courageux (zébriniens) ont alors franchi la plaque de verre qui permettait d’observer une tombe gauloise de 2 personnes (des moulages) entourées de vases en céramique, trouvée à Cap Costières, pour aller observer une maison gauloise (de Gailhan) en pierre et bois, constituée de deux pièces comprenant une trentaine de vases et dolia, mais aussi un foyer. Les Gaulois, eux, sont représentés en guerrier portant cuirasse de cuir comme le guerrier de Grézan mais aussi celui de Marbacum où nous sommes allés l’an passé. Ce buste à la grande coiffe portait d’ailleurs des traces de couleurs. Ces redoutables guerriers, bien différents d’Astérix, portant épée et bouclier furent les premiers à porter une cotte de maille. Ils pratiquaient le rite cruel des têtes coupées des ennemis vaincus (car pour eux la force résidait dans la tête) et les exposaient sur une pique ou sur des murs creusés à cet effet (comme à Glanum). Un site au Cailar témoigne de cette coutume (barbare) avec des épées repliées, et une quarantaine de têtes !
La période romaine
En poursuivant notre visite nous avons quitté les Gaulois pour les Gallo-romains. Le passage entre ces 2 civilisations se serait effectué sans grand heurt car les Gaulois étaient « pro romains » nous précise notre guide (c’est du moins ce que j’ai compris et que je vous rapporte avec humilité, comme tout ce dont je me souviens !).
Plus loin, nous avons pu observer une tombe romaine qui ne contient aucune arme mais beaucoup de vaisselles et des amphores italiques, des vases en bronze, une lampe et un objet plus curieux : un racloir pour l’hygiène du corps, le Romain se raclant la peau après l’avoir enduit d’huile d’olives (mais oui) et de sable pour bien le décaper !
Auguste
La guide nous a présenté ensuite le fameux As de Nîmes : une pièce de monnaie frappée pour Nîmes (27 av JC) et trouvée partout dans le monde romain ce qui témoigne de l’importance de la ville. Elle servit d’emblème puis de logo à Nîmes. Elle présente un crocodile enchaîné à une palme (et non un palmier). Le crocodile symbolisant l’Egypte et la palme la victoire. Au revers, les bustes d’Octave et d’Agrippa son général, tous deux vainqueurs de la bataille d’Actium contre Antoine et Cléopâtre. Cette victoire permit à Octave de devenir empereur sous le nom d’Auguste (31 av JC).
La guide nous conduit alors vers une maquette représentant les jardins de la fontaine et plus précisément l’Augusteum. Car même si les Romains étaient ouverts à de nombreuses religions, toute ville se devait d’avoir un Augusteum, un sanctuaire dédié au culte et à la gloire de l’empereur. A Nîmes c’est autour de la source sacrée (dédié au dieu Nemausus) des Gaulois qu’il sera édifié. Il comporte un autel à l’empereur au centre d’une nymphée, mais aussi des portiques, un fronton (dont une grande partie se trouve dans le passage du Musée), le Temple de Diane (qui n’était pas un temple mais sans doute un édifice pour accueillir les visiteurs), un théâtre… dominé par la Tour Magne, la plus haute tour de l’enceinte romaine.
Nous observons ensuite les (vraies) arènes dont la vue est magnifique par une ouverture de la toge de verre, les moulages des deux Protomés de taureaux qui ornent l’entrée principale de l’amphithéâtre (le mieux conservé du monde romain) ainsi que la fameuse Louve allaitant Romulus et Remus (symbolisant les bienfaits que pouvait apporter Rome à la ville)…
Les domus
Nous continuons vers les édifices privés, les domus, pour découvrir la fresque de la Villa Roma, belle et grande fresque aux couleurs rouge-bordeaux ponctuée d’une frise de personnages grotesques et comiques dont les éléments manquant sont restitués par projection. C’est une des fresques retrouvées dans ce quartier d’habitation aux riches villas tout proche du Temple de Diane.
Suit la mosaïque de Panthé, la plus grande et la plus belle, retrouvée lors des fouilles de l’avenue Jean Jaurès en 2006, ce qui a décidé la Mairie de Nîmes à entreprendre la construction du Musée. Ce panneau de 35 m² datant du 2e siècle ap JC provient d’une riche domus. Elle présente divers médaillons dans un décor de tresse avec au centre un épisode mythologique rare représentant Panthé le roi de Thèbes terrassé par une bacchante (servante de Bacchus), sa propre mère droguée, Agavé, la tante de Bacchus. Mais aussi des oiseaux, des masques, des bacchantes et les 4 saisons. La finesse et la fraîcheur des couleurs des tesselles de calcaire, pâte de verre et terre cuite est étonnante. Tout comme celles des autres mosaïques présentées plus loin en une belle collection accrochée aux murs.
Les stèles
Nous avons poursuivi la visite par l’exceptionnelle collection de stèles et d’inscriptions épigraphiques, honorifiques, religieuses ou funéraires qui constituaient le musée lapidaire. Certaines inscriptions présentaient un décor en cœur (qui aujourd’hui symbolise l’amour, alors que ce cœur porte une tige qui indique que c’est une feuille de lierre symbole d’éternité !). De nombreuses stèles présentaient aussi les lettres D M Dis Manibus (aux dieux mânes) auxquels on confiait le défunt.
La période du Moyen Age
Après l’observation du grand dolium restauré qui se trouvait entier devant la Maison carrée, nous avons quitté la Nîmes romaine pour découvrir la Ville médiévale (du Haut Moyen Age) fortement influencée par l’architecture romaine. Chapiteaux à feuilles d’acanthes, corniches, dont le fabuleux bestiaire de la frise des aigles, nous entraînent dans l’imaginaire médiéval. Un sarcophage provenant de la Chartreuse de Valbonne, au riche décor d’écailles, de rinceaux de feuilles de vigne… mais aussi d’éléments chrétiens comme le Chrisme, mêle les références romaines et chrétiennes.
Maquettes et idées reçues
Il était 12h30 et la visite se terminant, il était juste temps de se diriger vers le restaurant après avoir apprécié les maquettes en liège d’Auguste Pelet (de 1820) et remercié notre guide qui a bien insisté sur la richesse de cette ville bourgeoise et sur la société ostentatoire de cette époque. Elle s’est aussi complu à dénoncer les idées reçues : Le temple de Diane n’est pas un temple, la Maison carrée n’est pas carrée, le cœur est une feuille de lierre , l’emblème de Nîmes n’a pas de palmier et Astérix n’est pas habillé en guerrier, ce qui nous a bien fait sourire !
Le restaurant La Table du 2, situé tout en haut sous le toit terrasse végétalisé, outre de nous régaler avec un repas bien copieux offrait une vue superbe sur la ville et le temps exceptionnel de douceur a contribué à l’agréable découverte de ce nouveau musée.
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