
Le jeudi 6 mars : à 14h30
Visite de Vallabrix, village lié à Arpaillargues par la famille Bargeton. Visite du centre ancien et de la façade Renaissance de la bibliothèque.
Visite proposée par Philippe guidée par Mr et Mme Loones de Vallabrix
RV à 14h à la salle polyvalente d’Arpaillargues et Aureilhac pour covoiturage

Avec toujours beaucoup de chance cette année, le soleil étant au rendez-vous, quatorze zébriniens ont rejoint au nord d’Uzès, le village de Vallabrix où nous attendaient deux vallabrixois.
Nos guides
Maïté et Alain Loones habitent Vallabrix depuis vingt cinq ans. Comme nous, ils s’intéressent au patrimoine et à l’environnement. Membre de l’association « L’Uzège », Maïté, entres autres, s’intéresse et œuvre pour les fouilles du village de Massargues découvert dans la garrigue. Alain, lui aussi, est membre de « L’Uzège » et de l’Association du PNR. Ils ont tout deux accepté de nous guider dans leur village d’adoption qu’ils connaissent bien.
Le village : aperçu historique
Sur la place de l’horloge, entre l’église et le château, Maïté a retracé les grandes lignes de l’histoire de Vallabrix.
Son nom viendrait de Volo Briga, village sur la hauteur, appartenant à la tribu des Volo. La villa Valabricio en 1295 comptait 68 feux, mais Volobricium en avait 5 en 1384 et se nommait Valabris en 1694. Sa population a longtemps oscillé entre 300 et 400 habitants (480 aujourd’hui).
La préhistoire
Des vestiges attestent l’occupation du lieu depuis la préhistoire. Le site du Brugas, cette colline de sable et de gré quartzite, transformée aujourd’hui en carrière (pour ne pas dire mangée), fut occupée depuis le paléolithique. De nombreux outils polis, haches, silex taillés (sur 1,50 m de profondeur) y furent découverts. De même, des vases, coupes polypodes… sortirent des fouilles de plusieurs abris sous roches qui ont même révélé une très rare trompe en terre cuite qui sonne un do grave.
La période gallo-romaine
De nombreux tessons de poterie de tuiles et de dolium attestent l’existence de villas selon Samuel Longepierre, archéologue découvreur du site de Massargues. Il existe aussi, une curieuse stèle gallo-romaine gravée d’un tonneau et d’outils qui témoignent de l’existence de la viticulture à cette époque, elle se trouve en dépôt de Vallabrix au musée d’Uzès.
Le Moyen Age
Vallabrix était un fort, un castrum qui occupait le centre du village d’aujourd’hui. Un grand quadrilatère flanqué de quatre tours. Il en reste deux dont l’une arasée et la trace des deux autres. Nous en avons fait le tour.
L’Église Saint Étienne
Construite sans doute sur une chapelle romane plus petite, servant de chapelle castrale aux seigneurs, elle a été agrandie au 19e siècle (1850). Elle comporte un rare porche ou narthex carré au décor en dents d’engrenages et colonnes aux chapiteaux à feuilles d’acanthes, surmonté de bandeaux à la lombarde. L’intérieur est surprenant par ses dimensions pour un petit village de 400 habitants. Elle présente une nef et deux allées. L’abside a été déplacée et agrandie. Elle est ornée de peintures avec entrelacs et ciel étoilé. Une partie des vitraux sont contemporains. Ils datent de 1999 et sont l’œuvre de l’atelier de verriers Champetier de Elne. Ils représentent d’une manière stylisée la source de vie, l’eucharistie du vin et du pain et la croix. A l’extérieur se trouve la tour ronde de l’horloge. C’est le clocher du 15e siècle qui a été surélevé pour accueillir la cloche nommée Ursule. Il est coiffé d’un joli campanile et d’une girouette à tête de dragon. Il porte les deux cadrans de l’horloge.
Le presbytère autrefois à l’intérieur des remparts, à côté du cimetière, lui même à côté de l’église, fut déplacé hors de la citadelle dans une maison derrière la Maison ronde. On peut remarquer son grand portail du 18e siècle orné de la mitre des Évêques.
Le château
C’est la partie la plus intéressante et la plus surprenante.
La façade
Le portail d’entrée ne paye pas de mine. Il pourrait être celui d’un mas, si ce n’est le blason de pierre martelé qui le surmonte. Passée la porte c’est la surprise. On se trouve devant un édifice de la Renaissance avec une magnifique façade richement décorée : longue frise, corniche à modillons, grecques, pilastres aux chapiteaux corinthiens, décors de lion, masques humains, nombreux drapés (en référence au drapier), motifs de fleurs, entrelacs, décors géométriques, grotesques, taureaux… rien ne manque, on en est tout ébahis.
La famille des Bargeton
C’était la propriété des Bargeton, famille de riches drapiers dont Mathieu anobli par François 1er pour services rendus est devenu seigneur de Vallabrix. C’est lui sans doute qui fit construire cette superbe façade en 1536, une des plus belles façades Renaissance du Gard avec celles d’Uzès et de Cavillargues. De nombreuses hypothèses proposent d’en percer le mystère . Elle semble démesurée pour l’édifice. Était-elle prévue pour un autre lieu et pourquoi pas pour le château d’Arpaillargues ? Ces mêmes Bargeton furent aussi seigneurs d’Arpaillargues, Aureilhac et autres lieux. (Nous en avons parlé à notre Assemblée Générale).
On peut remarquer aussi, passée l’entrée du bâtiment, une meurtrière ainsi que les restes du donjon avec ses pierres de chaînages à la gauche de la façade, accolé à la partie peu restaurée. Car la moitié du bâtiment qui comprenait le grand membre est inoccupée. Il est en vente mais hélas pas à la mairie qui pourtant a restauré une grande partie de la façade avec l’aide d’une architecte et du Lycée des Métiers d’Art, section pierre. Il y avait un puits qui selon la légende abriterait un trésor : le veau d’or. Le bâtiment est bien sûr adossé et inclus dans le rempart. Il abrite aujourd’hui la Bibliothèque Municipale ainsi que le café-épicerie l’Abrixbar.
La maison ronde
En sortant du château , on ne peut pas ne pas remarquer cette maison au nom curieux. C’était la première École-Mairie du village construite en 1848 contre le rempart. Sa cour délimitée par un mur joliment arrondi en font une curiosité et lui donne son surnom. C’était l’école des garçons (bien sûr), les filles attendrons pour y être admises, le déplacement des garçons dans une nouvelle école en place de la Mairie actuelle.
La fontaine et le lavoir
La Fontaine de la Condamine qui daterait du 18e siècle est un bel ensemble de fontaine et abreuvoir pour permettre l’usage de l’eau aux humains comme aux bêtes.
En suivant la canalette on peut atteindre un beau lavoir à cinq bassins : un grand pour laver et quatre petits pour rincer. Autrefois, une curieuse inscription déclarait non sans humour : « Ici on lave le linge et on salit la réputation des gens ». Ce lieu de sociabilité pour les femmes fut l’écho de bien des histoires qui permettaient peut-être de supporter ce dur labeur.
La canalette continue et permet d’arroser les petits jardins qui nourrissaient bon nombre d’habitants. Nous poursuivons la balade sur ce sentier bucolique tout en remarquant l’ingénieuse découpe des pierres à joints d’équerre permettant l’encastrement des longues dalles qui longent ce canal à ciel ouvert. Nous pouvons aussi admirer l’eau claire et abondante après ces trop longs jours de pluie.
Le château neuf
Nous atteignons ainsi une belle bâtisse souvent prise pour le château de Vallabrix. Il date du 19e siècle, entouré d’un parc avec orangerie, il était la propriété de la famille Foussat dont l’une de ses membres se nommait Ursule. C’est elle qui a donné son nom à la cloche qui continue à sonner les heures et les demies.
Nous continuons notre chemin en passant devant un grand Févier d’Amérique, un des arbres remarquables du petit parcours balisé. Nous rejoignons le centre du village pour terminer le tour du castrum, sans oublier d’admirer les longs murs de pierres bicolores : calcaire dur urgonien qui alterne avec la quartzite rouge contenant de l’hématite.
Ce fut une visite fort intéressante qui ménageait de belles surprises architecturales et naturelles, aimablement guidée par deux amis que nous avons chaleureusement remerciés. Vallabrix est un village qui vaut le détour comme beaucoup de villages de l’Uzège avec chacun ses points communs et ses particularités. Il nous en reste encore beaucoup à découvrir.
Pour aller plus loin
Quelques photos de la visite
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