Le lundi 13 mai :
Balade autour de Saint-Ambroix en passant par la tour Guisquet, le château de Montalet et le centre historique …
Balade organisée par Claudine.
Rendez-vous à 7h45 à Arpaillargues pour covoiturage ou à 8h45 au parking Armand Cousens de Saint-Ambroix avec le pique-nique.
Quelle chance, une belle journée ensoleillée s’est annoncée après une série de jours pluvieux et 14 zébriniens ont fait l’effort de se lever tôt pour se balader à Saint-Ambroix. Après le pont Ambroix d’Ambrussum, coïncidence, nous allons visiter la ville portant le même nom, celui d’un saint dont nous parlerons peu d’ailleurs.
Notre guide
Claudine, notre randonneuse préférée nous a concocté un circuit de balade alliant la marche, le patrimoine et l’histoire, tout pour nous plaire.
La balade
Nous nous sommes retrouvés au parking Armand Coussens et nous avons commencé notre randonnée en traversant la grande place de l’esplanade. Tout de suite, nous avons pris de petites ruelles qui longent le ruisseau de Graveirolle qui se jette dans la Cèze toute proche. Nous commençons à monter d’un bon pas parmi les pins et les Cistes de Montpellier, les blancs et non les roses comme dans notre garrigue. Peu à peu la vue s’ouvre sur la ville et les alentours. Nous quittons la grande piste pour emprunter un sentier ombragé qui serpente presque à plat entre les Châtaigniers et les Arbousiers, un peu comme sur le chemin des dolmens de Pallières. Ici aussi les Rouge-gorges nous accompagnent. Nous longeons un long mur de pierre sèche couvert de mousse (et oui, il pleut bien là aussi) et au bout d’une heure de marche nous découvrons le Château de Montalet. Il a fière allure !
Le Château de Montalet
Construit au 11e siècle sur une colline, il surplombe vraiment le paysage et ressemble, en plus fortifié peut-être, au Castrum d’Allègre que nous avons aperçu sur la route à quelques kilomètres (à vol d’oiseau).
Le guide du château
Nous étions attendus par un membre de l’Association pour la sauvegarde du Château de Montalet, qui a fêté ses 40 ans d’existence et de restauration. Claude Nunes, le guide du château en tenue médiévale, coiffé d’un élégant chapeau à plume, nous a conté l’histoire du lieu, celle du château mais aussi celle des travaux des bénévoles : une douzaine de très actifs et une quarantaine de fidèles.
Histoire du château
Le château n’est pas sur la commune de Saint-Ambroix mais sur celle de Molière-sur-Cèze, ancien village minier. En fait, il se trouve entre les deux. Édifié sur un promontoire dominant la Cèze au début du Moyen-Age, il avait pour vocation de surveiller les voies de communication connues dès l’antiquité et entre autre la Regordane et la vallée de l’Ardèche. Du temps de sa splendeur, il était ceint de remparts jalonnés de sept tours, chacune appartenant à un Chevalier comme à Allègre. C’était un vaste domaine qui comprenait un village avec des habitations civiles protégées par les remparts. Réaménagé au 15e siècle, puis abandonné peu à peu au profit du Château de Potelières, il est fort endommagé entre autres par les troupes de Jean Cavalier en 1703. Ses premiers occupants sont appelés les Montalet. La deuxième dynastie établie en 1386 est celle des Bérard (le seigneur dominant) qui ont occupé des fonctions importantes. Au décès du dernier marquis de Bérard de Montalet en 1901 le domaine devient la propriété de son petit neveu M. Alfred Tron de Bouchony de Bérard de Montalet.
L’association
Notre guide nous a retracé l’histoire de ses occupants avec de nombreux détails étayés par un arbre généalogique que l’on peut retrouver sur les sites web retraçant l’histoire du château et il nous a conduit dans les différentes salles restaurées par l’association depuis 1985.
Après la chute de la façade Sud-Ouest en 1980, l’association s’est créée et a œuvré à conserver les bâtiments existants. Elle a sauvé le château de la ruine complète. Le site est classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1997.
Visite du château
Il conserve plusieurs témoins architecturaux : portes en plein cintre, voûtes d’arêtes, baies à meneaux, meurtrières, cheminées, latrines à encorbellement, escaliers intra-muros et citerne.
Passé le porche d’entrée sous la tour de l’entrée principale, nous avons pénétré dans la salle d’accueil, boutique du château où se trouvent comme il se doit, cartes et objets divers.
La salle de réception
Nous avons traversé le petit jardin médiéval réalisé par les bénévoles de l’association en nous dirigeant vers la façade endommagée mais pourtant bien impressionnante et nous avons pénétré dans la salle de réception où une très longue table permet la présentation d’armes et de costumes. Cette belle table invite aussi aux repas, costumés si on le souhaite, organisés par l’association. D’anciennes photographies représentaient le site avant et après, confirmant le travail accompli.
Les remparts et la façade Est
Nous avons longé les remparts, dont les murs gisent en partie en contrebas dans la végétation, puis la façade Est percée de fenêtres à meneaux restaurées, pierres et vitraux refaits et nous avons atteint la terrasse où se trouve une table d’orientation récemment installée toujours par l’association. La vue y est à 180° sur les collines et les villages alentour.
Cuisine et réserve à grain
Passant par les cuisines, où il ne subsiste que l’ouverture de la vaste cheminée, nous avons atteint une cour intérieure où s’ouvrait la porte principale encore à restaurer. En face en descendant quelques marches nous avons pénétré dans la réserve à grains, longue salle voutée qui abritait la cave de l’association : dames-jeannes et barriques d’un vin robuste fait à partir du raisin recueilli par les bénévoles dans les vignes alentours. Un curieux et long canal permettait la descente du grain.
La citerne et l’escalier
Sous la terrasse de la cour intérieure se trouve la grande citerne alimentée par des gouttières soutenues par des corbeaux sur toutes les façades des bâtiments alentour. Elle permettait de tenir un long siège. A droite de la gouttière et complètement dans le mur se trouve un long escalier étroit et pentu. Il conduisait au chemin de ronde.
Le donjon
Face à l’escalier dans le mur se trouve une grande tour, le donjon qui sert aujourd’hui de logement aux bénévoles pendant les chantiers de restauration de l’été.
Salle aux arcs en plein cintre
A l’étage, nous passons par une grande salle à ciel ouvert où la restauration est à faire. Nous mesurons bien le travail effectué car la salle à côté a été totalement refaite : trois arcs en ogive soutiennent une charpente en bois et de beaux vitraux : Excalibur, le Graal… lui donnent un air de chapelle.
La salle aux blasons
C’est une grande et belle salle tapissée de blasons des nombreuses familles et régions de France. La croix occitane bien en valeur mais aussi l’aile du blason des Bérard, le plan du château évoque d’ailleurs une aile. Et c’est curieusement le blason de la ville d’Alès. Des armes, des armures et des costumes y sont présentés avec un objet insolite à deviner. Vestiges de la dernière guerre une mitraillette et une grenade voisinent avec des cottes de maille.
Salle d’honneur
Descendant d’un étage nous pénétrons dans la dernière salle de la visite. Là aussi une grande et belle salle mais voûtée, meublée d’armoires, grande table, chaises et buffets offerts par une famille de Baron. De nombreuses photos témoignent des restaurations avec des clichés avant et après. Quel travail ! Nous sommes impressionnés. Mais le temps passe, notre guide est intarissable, il va falloir pourtant redescendre vers Saint-Ambroix, retrouver deux membres de l’association qui n’ont pu monter en voiture pour nous rejoindre par la route forestière pourtant carrossable.
Visite de Saint-Ambroix
Après une pause pique-nique au bord de la Cèze, bien installés sur un petit ponton dans le croassement des grenouilles, nous avons commencé par la dégustation d’un petit verre d’Hypocras du château. Claudine nous a fait la lecture de l’histoire de la ville et entre autres de celle du « Volo Biou », puis nous avons retrouvé un ami et membre de la Zébrine, Pierre Chante.
Les guides de St-Ambroix
Par chance, Pierre est en train d’écrire un livre sur l’histoire de la ville. Professeur d’histoire, c’est lui qui nous a fait visiter Rochegude mais sa famille est aussi originaire de St-Ambroix. Il nous a proposé de nous guider avec Claudine dans la visite de la ville.
L’Eglise
Construite au 19e siècle c’est la 3e église de la ville. Sa singularité est la porte latérale endommagée par des coups de hache lors de différends entre la communauté catholique et la commune.
Maisons bourgeoises
Au coin de la rue de l’église et de la Grand’rue, une maison attire notre attention. De style néo-gothique elle rappelle les palais vénitiens, c’est la maison Faget, construite en 1880 avec les pierres de la carrière de Brouzet. Belles fenêtres entourées de colonnes et terrasse au sommet.
Dans la Grand’rue et la rue de Vérone se trouvent des maisons aux portes encadrées de pierres. Notre guide attire notre attention sur les pierres d’asphaltes striées de bitume de St-Jean-de-Marvejol, faciles à tailler.
Place aux herbes
Une vieille fontaine y est entourée de hautes maisons, certaines avec de petites fenêtres circulaires ou rectangulaires pour éclairer les magnaneries, ce qui permet d’évoquer le riche passé de la soie. Il y avait une vingtaine de filatures et une population tournée vers l’élevage des vers à soie. En contrebas de la place se trouve l’importante Fontaine des quatre canons (4 jets) signalée dès le moyen age. Elle demanderait un peu de soin…
Place de l’ancien temple
Là aussi se trouve une fontaine entourée d’un muret qui permet de nous reposer et d’évoquer le passé protestant de la ville. Entièrement protestante à la moitié du 16e siècle, la population y avait construit le premier temple, démoli par la suite en 1660. De même, l’église du Dugas a été démantelée par la population protestante puisqu’il n’y avait plus de catholiques en 1560 !
La Mairie et l’exposition Armand Cousens
La Mairie est un beau bâtiment néoclassique du 19e s. Avec couloir central, verrière, horloge, toit d’ardoises et pierres de Brouzet. Nous y sommes entrés pour visiter l’exposition des œuvres d’Armand Coussens, un peintre graveur né dans la ville en 1881. Peintre des humbles et des paysages, sa renommée d’aquafortiste s’étendit jusqu’à New York, Tokyo et Londres.
Le Dugas
Perché sur son piton rocheux domine un curieux édifice, la chapelle du Dugas. L’éperon rocheux serait le berceau protohistorique de la ville. Il présente des habitats semi-troglodytes taillés de toutes parts. On peut y observer la base d’une église rupestre comme à St Roman entourée de tombes mais aussi un « autel à sacrifice » et une grotte. Le mystère est complet ! C’est là que Pierre nous a raconté sa version de la légende du « Volo biou ». Ce piton a été ceint de remparts avec trois portes du 12e s. encore restantes, un château disparu en 1629 sur ordre de Louis XIII et une église dont il reste le clocher. Une petite chapelle crènelée y fut construite en 1868 dédiée à la Vierge Marie. Ce fut aussi à la fin du 19e que furent construits la mairie, le temple et l’école.
Nous y sommes montés par un sentier pentu qui nous a permis de contempler deux filatures au bord du ruisseau de Graveirolle dont la plus ancienne de la famille Silhol, famille importante qui après avoir fait fortune dans les filatures (elle a fonctionné jusqu’en 1958) s’est tournée vers la banque puis vers le chemin de fer et puis encore vers les mines de Molière.
Passant par une des portes nous avons suivi le chemin de ronde crènelé à la Viollet Leduc, pour aller observer les ruines du château mais aussi en face la tour Guisquet. Cette tour est le résultat d’un affrontement juridique entre deux filateurs. Les familles Guisquet et Manifassier se disputaient ce morceau de terre. Le vainqueur y a fait construire une tour d’un style roman-gothique.
Nous en sommes redescendu par un dédale de ruelles pavées, de passages voûtés, d’escaliers, de ruelles-sentiers presque secrets. Un labyrinthe étonnant pour retrouver la grande place de l’esplanade où un café accueillant nous a permis de nous désaltérer. Nous étions bien fatigués.
Ce fut une journée bien remplie et la découverte là encore d’une ville fort inintéressante et pourtant méconnue. Une bonne idée de Claudine que nous avons remerciée tout comme Pierre dont nous attendons le livre.
Pour aller plus loin
Quelques photos de la visite
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