25 octobre 2022 – Balade Les dolmens de la Grande Pallières

dolmen de la Grande Pallière - Anduze
dolmen de la Grande Pallières – Anduze

Balade des dolmens de la Grande Pallières. Il a été répertorié quinze dolmens ou coffres dans la région d’’Anduze, peut-être même le double. Des monuments que l’’on pourra découvrir sur les crêtes de la Grande Pallières guidés par Gilles Demuth.

Rendez-vous : 14 h devant la salle polyvalente pour covoiturage ou à 14h45 sur le parking du collège d’Anduze

 

Ça c'est bien passé

Dolmen de la Grande Pallières

Par un bel après midi d’automne, une douzaine de zébriniens ont pu enfin partir à la découverte des dolmens de la Grande Pallières. Cette sortie prévue maintes fois, avait été jusqu’alors reportée en raison de la pluie et du confinement. Mais la persévérance a du bon, la balade est superbe !

Saint-Félix-de-Pallières

Nous empruntons une petite route qui serpente juste au dessus d’Anduze. Avant d’atteindre le village,  il faut tourner à droite à l’indication chemin de la croix de Pallières (et du mas de la Frigoule) pour ceux qui voudraient y aller ou y retourner. Il faut suivre ce chemin jusqu’au bout de la partie carrossable.

Laissant les voitures nous nous engageons dans un sentier balisé (jaune PR). C’est un sentier bien rocailleux dans un bois d’Arbousiers étonnant.

Arbousier en fleurs et fruits

Les Arbousiers

Christine, à l’origine de cette balade, nous en avait parlés, et en effet, nous étions tous admiratifs. D’abord par leurs couleurs puis par leurs formes torsadées chez les plus vieux spécimens, certains même avec des branches entremêlées et accolées. Nous ne cessions de nous arrêter pour les contempler. La particularité de cet arbre est de présenter en même temps les fleurs et les fruits à différents stades de maturité et nous avions une explosion de couleurs : blanc, orange et rouge. Nous marchions même sur un tapis de fleurs et de fruits mûrs, accompagnés du chant du Rouge-gorge, superbe !

L’arbouse, le fruit, est comestible mais il ne faut pas en abuser, par contre on peut en faire des confitures plutôt « savoureuses » en prenant soin de bien passer les graines qu’il contient.

 

Nos guides

Gilles et Martine au premier plan

Gilles et Martine, nouveaux adhérents de la Zébrine, installés depuis quelques années dans le quartier de Fontèze, avaient bien préparé la balade. Gilles qui étaient professeur d’histoire (plutôt spécialiste de l’époque napoléonienne) nous a présenté les mégalithes dans un petit exposé clair et précis. Il a eu la gentillesse de nous le communiquer et je vais tout simplement le joindre au fil de la balade.

Le sentier des dolmens

La région d’Anduze compte de nombreux dolmens et menhirs, certains regroupés, comme à Pallières, en une nécropole. Nous allons en voir quatre dans un parcours pédagogique du plus simple au plus complexe en parcourant une boucle.

Le joli sentier, après le bois d’arbousiers, traverse un bois de châtaigniers où affleurent les rochers. Nous quittons le chemin pour aller voir la grande bergerie de Panissière dont l’un des murs s’est affaissé d’un bloc formant un curieux dallage. Nous ne pouvons qu’imaginer le grand troupeau de brebis qu’elle pouvait héberger.

Les dolmens

Nous grimpons doucement jusqu’aux crêtes où se trouvent les dolmens. Ils sont réalisés dans une pierre de grès, une anomalie dans ce pays au carrefour du schiste, granit et calcaire. Ils ont été restaurés par le GARA : Groupe Alésien de Recherche Archéologique qui ont redressé les dalles et restauré les tumulus.

Les dolmens de la claie de Driolle

Dolmen de la claie de Driolle

C’est là que Gilles nous a présenté son premier exposé en répondant à deux questions que tous pouvaient se poser :

  • Quand ?

Ces dolmens sont datés d’environ 3 000 avant JC. Difficile d’en dire plus car la technique du carbone 14 ne fonctionne pas avec des minéraux et on n’a retrouvé aucun reste humain : pillage des tombes, acidité du sol ? A Stonehenge on a retrouvé un squelette daté de -2 800, et la plupart des mégalithes européens se situent entre -3 500 et -2 500.

Aucun rapport avec les peintures pariétales qui sont beaucoup plus anciennes : -33 000 pour les peintures au charbon de bois de la grotte Chauvet, -27 000 pour les peintures aux oxydes, -18 000 pour Lascaux.

Pour mémoire, la Préhistoire se divise en deux grandes périodes : le Paléolithique, époque de la pierre taillée et des chasseurs-cueilleurs, qui s’achève en -8 500 avec l’apparition de l’agriculture, puis le Néolithique, époque de la pierre polie et des agriculteurs-éleveurs, qui s’achève en -3 300 avec la naissance de l’écriture.

Nos mégalithes ont donc été érigés au Néolithique tardif, d’autant que les dates ci-dessus ne concernent que le Croissant Fertile, de l’Égypte à la Mésopotamie, et que l’Europe occidentale est très en retard : l’agriculture vers -5 000, l’écriture vers -1 000, notamment en Grèce.

Une comparaison à méditer : pendant que nos « ancêtres » érigeaient des dolmens, les pharaons construisaient les pyramides de Gizeh (-2 500)

  • Quoi, ou pour quoi ?

Contrairement aux menhirs dont l’interprétation est complexe et se borne à des hypothèses (religion, astronomie, culte des ancêtres, emplacements telluriques ?) le rôle des dolmens est clairement identifié : ce sont des tombes, souvent collectives (familiales) et réutilisées longtemps, jusqu’à l’Age du bronze (-2 700) et parfois du fer (-500).

Ces dolmens sont toujours installés sur des sites exceptionnels, ici par exemple sur la crête qui sépare la plaine du Gardon et la vallée de la Salindrenque.

Ils possèdent une chambre sépulcrale délimitée par des pierres posées de chant, les orthostates, et surmontée par une énorme dalle, la table.

L’ensemble est recouvert jusqu’à hauteur de la table, soit par des pierres sèches (un cairn), soit par un mélange de pierres et de terre (un tumulus). Nos trois dolmens sont recouverts d’un cairn restauré par les archéologues d’Alès.

 

Petite pause goûter

Le sentier des crêtes

Nous suivons le sentier des crêtes en nous arrêtant pour observer un petit dolmen bien abimé puisqu’il n’en reste que 3 dalles entourant un arbousier, la table de couverture n’ayant pas été retrouvée. On aurait pu passer à côté sans le voir ! Nous nous arrêtons aussi pour contempler le paysage de la Salindrenque d’un côté et le pays d’Anduze de l’autre. Bien installés sur des amas rocheux nous avons pris le temps de goûter l’excellent gâteau à la banane de Martine, nos guides nous ont gâtés.

 

Le dolmen de Panissière

Dolmen de Panissière

Continuant le chemin nous atteignons le fameux dolmen de Panissière proche de la bergerie du même nom. C’est un dolmen à couloir de 7 m de diamètre inclus dans un tumulus délimité par des monolithes formant cromlech. La chambre sépulcrale au fond du couloir est profonde. Il a été réemployé à l’époque gallo-romaine et médiévale. Il comporte une sorte de citerne incluse dans le tumulus ayant peut-être servi à la fabrication de décoctions de plantes (?).

 

 

Deuxième partie de l’exposé : deux  dernières questions

  • Comment ?

Les hommes du Néolithique européen, même tardif, n’ont pas encore de chevaux domestiques. Ils ne possèdent pas non plus d’outils en métal (Age du bronze – 2 700).

Pour détacher les blocs, ils ont leurs outils en pierre polie et ils utilisent la technique du coin en bois qu’on arrose pour faire éclater la roche. Pour les déplacer ils n’ont à leur disposition que des leviers en bois, des cordes végétales et leur force musculaire.

Avant d’implanter les orthostates, ils creusent une tranchée afin que les pierres de chant sont bien fixées.

Reste la table à mettre en place : il est possible que les cairns aient servi de rampe pour la faire glisser au sommet de la chambre sépulcrale.

  • Qui ?

Même si menhir et dolmen sont des mots d’origine bretonne, les mégalithes n’ont aucun rapport, ni avec les Celtes qui n’arrivent que vers -1 200, ni par conséquent avec les Gaulois : Obélix tailleur de menhir est un anachronisme.

Les constructeurs de mégalithes sont des populations venues d’Orient vers -5 000, en suivant deux voies de pénétration : la vallée du Danube et la Méditerranée. Ce ne sont pas encore des Indo-Européens, mais des Anatoliens qui amènent avec eux l’agriculture.

Au-delà de ce choc culturel que représente la « Révolution néolithique » pour les populations locales de chasseurs-cueilleurs, trois grandes nouveautés sont le corollaire du mégalithisme : d’une part un essor démographique important qui fournit la main d’œuvre nécessaire (probablement 1 million d’habitants sur le territoire actuel de la France vers -3 000), d’autre part la sédentarisation de la population (les mégalithes semblent peu compatibles avec le nomadisme), enfin l’apparition des écarts sociaux entre ceux qui ont les terres et ceux qui n’ont que leur force de travail (les dolmens ne sont pas des tombes au rabais mais des sépultures de notables).

 

Le cromlech d’Uzès

Le cercle de pierres d’Uzès

La présence du cromlech de ce dernier dolmen nous permet d’évoquer le cromlech ou cercle de pierres d’Uzès.

Une découverte rare aux dires des archéologues de l’INRAP qui, fin 2018 et début 2019, ont fouillé le site dit « de la jonction inter-quartier », en fait dans le quartier du Pas du loup, sur le chemin Landry où la Mairie a réalisé, après fouilles, un bassin de rétention. Nous avons pu Philippe et moi rencontrer l’archéologue Philippe Cayn qui nous a présenté les fouilles et nous avons suivi ses conférences. 53 blocs de pierres de calcaire gréseux ont été découverts, pouvant former un diamètre de 76 m. L’ensemble comptait une statue menhirs étudiée par Marie Bouchet (ci-joint). Des prospections électromagnétiques viennent juste d’être réalisées. A suivre !

Les mégalithes ne cessent de poser questions quant à leurs réelles fonctions. Cromlech, dolmens comme menhirs restent des constructions mystérieuses. Certains y ressentent des vibrations d’énergie tellurique. « Ils ne sont pas construits n’importe où ». Les hommes du néolithique connaissaient sans doute ces éléments.

Le temps passant vite et pour rentrer avant la nuit, nous sommes redescendus rapidement en nous arrêtant tout de même pour cueillir quelques girolles et en remerciant vivement nos guides. Nous avons atteint le bout du chemin juste pour admirer le début d’un coucher de soleil rose-doré qui donnait bonne mine à tous les zébriniens contents de leur balade enfin réalisée.

Pour aller plus loin

Quelques photos de la visite

 

 

 

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