5 mai 2023 – Le massif de Barry

Le village de Barry

Le village troglodytique de Barry près de Bollène. Cet insolite village, accroché au flanc d’une colline dominant le Tricastin a connu une occupation permanente du néolithique à l’aube du XXe siècle. Creusées dans une roche tendre, une molasse, les grottes on été peu à peu transformées pour traverser les âges. Les grottes de la préhistoire, voisinent avec un Oppidum romain un village médiéval, des meulières et des château forts.

Balade guidée par Claudine qui apprécie les randonnées insolites.

RV : 9h pour covoiturage au parking de la salle polyvalente ou 10h30 à la montée de Barry à Bollène

 

 

Ça c'est bien passé

Pour cette nouvelle sortie, nous changeons de cap. Nous partons vers le Nord-Est en abandonnant la Camargue mais pas le Rhône que nous franchissons sur le vieux Pont du Saint-Esprit pour entrer dans le Vaucluse.
Onze zébriniens se sont retrouvés sur la Montée de Barry au nord de Bollène pour une randonnée à la découverte des curiosités du plateau de Barry avec Claudine.

Claudine prête à conduire le groupe

Notre guide

Claudine Cailleau, zébrinienne, qui nous a fait découvrir les beautés du plateau des Courens l’an passé, est toujours prête à emmener un groupe de marcheurs sur des chemins peu connus et des sites insolites. Elle avait concocter un itinéraire à notre portée. Nous sachant marcheurs contemplatifs plutôt que sportifs elle a su régler son pas sur les nôtres mais nous avons pu découvrir tout ce qu’elle avait prévu.

 

Le massif boisé

Le massif de Barry

C’est un massif de molasse calcaire du Miocène truffé de grottes, de carrières et d’habitats troglodytiques. Il est situé sur trois communes : Bollène, Saint-Restitut et Saint-Paul-trois-châteaux.

 

Un beau point de vue, au loin le Ventoux

Le parcours

Claudine a prévu un parcours de 9 km avec un dénivelé de 200 m. (C’est faisable!). Nous partons de la montée de Barry près du village de même nom que nous irons découvrir en fin de balade après avoir vu la meulière de Lamaron, la grotte de l’ermite, le château de Chabrières et le tunnel aqueduc.
Comme prévu, ça monte tout de suite entre les rochers pour atteindre le plateau où une très belle vue nous attend.

 

Le sentier

Nous cheminons sur un très joli sentier au milieu des arbres et des fleurs où dominent le bleu des Aphylantes et le jaune des petites Coronilles, c’est magnifique !

 

Meulière de Lamaron

La Carrière de meules de Lamaron

Le premier arrêt est au bout d’un petit sentier qui descend dans la combe de Lamaron, jusqu’à une vieille meulière abandonnée depuis plusieurs siècles où on peut encore voir une dizaine de meules en partie dégagées de la roche de grès siliceux (comparable au grès du site de meules de Saint-Quentin-la-poterie). Il y a deux grottes dissimulées dans la végétation où se trouvent encore les traces de l’extraction de meules et où, surprise ! nous découvrons une petite bibliothèque. Elle contient une collection de la Bibliothèque rose (toute notre jeunesse) avec entre autres bon nombre de livres du Clan des 7 et du Club des 5 d’Enid Blyton. Il est vrai qu’il doit être très agréable, bien au frais, en plein été, de relire ces livres d’aventures qui m’ont passionné enfant ! C’est sans doute les membres de l’Association Barry-Aeria qui ont placé ces livres. Ce sont eux qui ont redécouvert cette meulière.

 

L’association Barry-Aeria

C’est une association de sauvegarde du massif de Barry. Elle a comme objectifs de le promouvoir dans les domaines historiques, ethnologiques et environnementaux. De favoriser la conservation du patrimoine, de susciter des actions d’entretien et d’études… en bref, elle « milite pour sauver ce site d’exception ». Leur site internet est riche de documents signalés par Claudine et lus par Philippe tout au long de la balade.

 

La grotte de l’ermite

La grotte de l’ermite

Nous avons continué notre chemin en direction d’une grotte. De nombreux sentiers partent dans tous les sens sur le massif. Il ne fallait pas rater celui qui y conduisait car il n’était pas indiqué, tout comme celui de la meulière. Claudine notre guide était indispensable. Nous sommes passés entre de gros rochers en empruntant un sentier d’abord en légère pente au milieu d’un bois de Cades, nous avons franchi quelques rochers, certains portant des fossiles de coraux (pierres criblées de tout petits trous) et nous avons atteint la fameuse grotte. Un habitat troglodytique qui pouvait faire partie d’un ancien village au pied du Château de Chabrières. Impressionnant !
La grotte aménagée a été habitée jusqu’au 20e siècle (1976) par un ermite Joachim Tauleigne qui vivait là avec des poules, des pigeons, des chèvres et un bouc. Il y avait un four à pain, une pierre d’évier et plusieurs abris sous roches successifs pour les animaux. En fait tout le nécessaire pour un homme qui avait choisi de vivre seul, loin de la société !

 

Pique-nique à l’ombre des rochers

Le pique-nique

Nous ne nous sentions pas trop attirés par la vie érémitique, même si le site est superbe. Aussi, pour ne pas avoir à remonter le sentier escarpé après le repas dans la chaleur qui commençait à se faire sentir, nous décidons d’aller pique-niquer entre les gros rochers du début du sentier. Chacun trouve un coin d’ombre pour se rafraichir, se reposer et reprendre des forces, au pied de « via ferrata » aux noms évocateurs : la Luna, Toit et moi…

 

Le château de Chabrières

Le château de Chabrières

Bien reposés, nous reprenons le chemin qui serpente aux bords de falaises, découvrant de superbes points de vue avec champs de coquelicots, Dentelles de Montmirail, canal de Donzère-Mondragon… Nous longeons de beaux murs de pierre sèche et grimpons vers le château de Chabrières (en fait un fortin du 11 ou 12e siècle) qui n’a jamais abrité un seigneur mais une garnison. C’est un fort de défense dont il reste de belles hauteurs du mur Nord et du donjon. Il comprend une longue salle centrale et une tour Est qui présente des meurtrières. Le bas du donjon pourrait bien être la citerne de 6000 litres signalée par les documents, une canalisation importante semble y parvenir. Fief protestant un temps, il a été démantelé volontairement pour éviter des dépenses de frais de gardes ! C’est ainsi que la porte d’entrée et le toit furent complètement abattus. Il faisait partie d’un réseau de plusieurs forts répartis sur le massif pour surveiller l’ancienne route celtique.

 

Entrée du tunnel aqueduc

Le Tunnel aqueduc

Retournant vers le village de Barry, nous atteignons, en contrebas du château du même nom, une curieuse construction. Une ouverture surmontée d’un linteau sous un mur de pierre sèche d’où nous arrive un air frais bien agréable. Il faut bien se baisser, carrément se mettre à quatre pattes pour pénétrer dans le tunnel qui s’ouvre alors à taille humaine. Même Dieter pouvait s’y tenir debout ! Un long tunnel sombre s’insinue dans le rocher, tourne à angle droit à l’emplacement d’une cheminée d’aération et continue ainsi sur 200 mètres pour sortir près du village. Nous avons parcouru quelques dizaines de mètres car la sortie est difficile. Le tunnel récoltait l’eau par condensation pour alimenter par gravité le village de Barry. Étonnant, il n’y avait pas une goutte d’eau, à croire que la version « souterrains du château » est plus plausible. Pourtant des textes affirment sa fonction d’aqueduc.

 

Le Barry

Le village de Barry

Le nom du village aurait pour origine le mot celtique Barros signifiant « éperon rocheux ». Le terme évoque pour nous les fortifications, les enceintes qui entouraient nos villages, nommées Barry ou barrière (même origine). Certains voient dans les ruines de Barry les restes de l’antique ville celtique d’Aeria dont ont parlée les auteurs grecs (d’où le nom de l’association). C’est un lieu habité depuis la préhistoire. Il fut oppidum gaulois, village gallo-romain, forteresse et village médiéval puis village troglodytique abandonné au 20e siècle (voir le détail sur le site de Barry-Aeria). Avant l’ouverture des grandes carrières en 1850, les habitants vivaient de l’élevage (brebis, ânes, cochons) et de la terre (vigne, arbres, fruitiers). Les carriers exploitant la pierre du massif depuis l’époque romaine vivaient dans le village. Nous avons visité les nombreuses maisons troglodytiques formées de grottes, d’abris sous roche plus ou moins profonds, tous remaniés, creusés d’étagères, de fenêtres, de cheminées, écuries, cuves… Ces maisons modestes nichées dans la roche témoignent de la ténacité, du courage et de l’ingéniosité des villageois. Le passé, la vie des habitants est palpable et touchant. Les maisons sont rustiques mais la vue est splendide. Interdit au public en 2009, le village fait l’objet de restaurations pour sauver ce site de mémoire étonnant.

 

Une Céphalanthère à longues feuilles

Les plantes du sentier

Tout en cheminant dans le sentier nous avons eu la surprise de pouvoir observer quelques plantes plutôt rares. Des orchidées : les Limodores aux longues tiges violacées et aux petites fleurs mauves nous ont accompagnés pendant toute la balade. Un Orchis pourpre a attiré notre attention. Tout comme à Arpaillargues, il montre, vue de près, ses fleurs violacées comme de petits bonshommes aux pantalons bouffants, casqués de pourpre. Un peu plus loin, c’est une Céphalanthère à longues feuilles (différente de celle à grandes feuilles que l’on peut observer dans l’enclos de Coste Joulène). C’est une belle fleur blanche qu’on pourrait prendre pour un Orchis et qui est aussi appelée Muguet des montagnes car elle fleurit vers le 1er mai. En fin d’après midi, nous avons eu la surprise de trouver de nombreux Sceaux de Salomon (que nous n’avions jusque là rencontrés qu’à La Lèque avec les pivoines). Là aussi c’est une sorte de muguet portant des clochettes blanches sous les feuilles. Il y en avait des tapis dans le sous-bois de chênes.

 

Nous avons terminé la balade, bien sûr, bien fatigués mais heureux et même « fiers » d’avoir si bien marché dans une chaleur plutôt élevée. Nous remercions chaleureusement Claudine de nous avoir fait découvrir ce site exceptionnel. Ce fut une balade riche en découvertes troglodytiques et historiques et en surprises botaniques et architecturales. A suivre, l’an prochain, pour une nouvelle randonnée.

 

Pour aller plus loin

Quelques photos de la visite

 

 

 

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