23 septembre 2023 – Junas et le moulin de Corbières

Le Moulin de Corbières est un véritable chef d’œuvre de l’ingénierie médiévale avec ponts, bassins, resclause, bief… complètement oublié et ruiné après son abandon vers 1880, il est restauré par l’association Traces et Mémoire de Junas . La visite se poursuivra aux carrières de Junas, les Carrières du Bon Temps fruit d’un incessant labeur de l’homme depuis l’antiquité. Ses pierres ont servi à la construction du Pont de Sommières, puis plus tard d’Aigues-Mortes et du Vigan. Le jazz y résonne en été.

 

Visite guidée par un membre de l’association Traces et mémoire de Junas.

RV : pour co-voiturage au parking de la salle polyvalente d’Arpaillargues à 9h (frais déplacement à partager : 8€) .
Ou à 10h au parking des Aires de Junas.

Prévoir le pique-nique du midi, chaussures de marche et chapeau.

Programme détaillé :

Parcours de 4 à 6km

Carrières vues du haut, bloc de marbre de Junas et de calcaire microfossile de Junas.
Découvert des carrières et oeuvres des tailleurs de pierre : www.hec-junas.fr
Sentier jusqu’aux carrières de Quinsargues (une capitelle en chemin),
Sentier ombragé jusqu’au lavoir de Corbières (une magnifique capitelle )
Sentier ombragé jusqu’au moulin de Corbières (15 minutes du lavoir)
Montée au moulin à vent
Remontée dans le village
Découverte et explications sur le kiosque de Junas
Statue de la démocratie
Boutique de la Scic SAS Le Comptoir JunaSol
Retour aux voitures.

 

Ça c'est bien passé

Les carrières du Bon Temps

Qu’elle chance ! Il fait presque frais, c’est une très belle journée pour aller se promener. C’est ainsi que dix sept zébriniens anciens et nouveaux (mais oui !) ont pris la route en direction de Sommières jusqu’à Junas, un village de 1300 habitants (juste un peu plus peuplé qu’Arpaillargues et Aureilhac) où domine la pierre : pierres des carrières, pierres des sculpteurs, pierres des moulins, pierres sèches des murs et des cabanes.

 

Le groupe et les deux guides

Nos guides

Le rendez-vous était à proximité de la Carrière du Bon Temps où nous attendait Damery Prache, nouveau président de l’Association Traces et mémoire de Junas en compagnie de Christian, tous deux bénévoles (comme nous) de la même association.

L’association

Traces et mémoire de Junas existe depuis près de trente ans et comptait une centaine de membres. Aujourd’hui, ils sont une trentaine à avoir repris le flambeau mais ils ont accompli un travail colossal, entre autres autour du moulin de Corbière.

 

Un parcours dans les bois

Le parcours

A partir du parking des aires où nous dominions la carrière, nous avons emprunté un chemin en escalier qui descendait doucement dans cette immense carrière. Nous avons suivi un sentier ombragé dans les bois de pins et de chênes pour atteindre le lavoir, puis le moulin de Corbière où nous avons pique-niqué bien installés sur de gros bancs de pierre (bien sûr). Nous avons repris un sentier dans les bois pour atteindre le moulin à vent puis le village et nous retrouver à proximité du parking en une belle boucle.

 

Des carrières dans les bois

Les carrières du Bon Temps

Il n’y a pas une mais des carrières, immenses et tentaculaires ; elles occupent un large territoire de la combe du Bon Temps et ne se limitent pas au village. La pierre affleure partout. La dernière carrière à avoir fonctionné jusqu’en 2014 est celle de Quinsargues avec une extraction mécanique alors que toutes les autres étaient de tous temps exploitées manuellement avec les mêmes outils. C’est pourquoi il est si difficile de les dater. D’autant que les traces d’extraction disparaissent à mesure que se creuse et descend le banc de pierre. On sait qu’elles furent exploitées par les Gallo-romains et qu’une partie des arènes de Nîmes seraient bâtie avec la pierre de Junas, qu’une partie des remparts d’Aigues-Mortes au 13e siècle en était bâtie et qu’au 18e siècle Junas fournit la pierre pour rénover le pont romain de Sommières. Elles servaient aussi à la construction des maisons.
C’est un calcaire coquillé, une molasse calcaire du Miocène (entre 20 et 16 millions d’années). Bien que différente selon les lieux, elle résiste bien au gel et se prête bien à la taille. Les carrières appartenaient au Seigneur d’Aubais et depuis la Révolution à la commune qui les louait en fermage. Florissante un temps, l’activité décline après 1914 devant l’émergence de produits nouveaux de moindres coûts. Elle cesse en 1939. Les outils n’ont jamais changé : l’escoude, les coins, la masse et la barre à mine. Les carriers incisaient la pierre dans le sens vertical pour obtenir de grosses briques (bugets) transportés ensuite pour être taillées.
Ces carrières comme dans beaucoup de villages du sud et comme à Arpaillargues furent des lieux de refuge des protestants pour leurs « Assemblées du Désert ».
Site touristique, il accueille de nombreux promeneurs (une longue file de marcheurs précédés du tic-tac de leurs bâtons nous y a rejoints) mais aussi de grandes manifestations.

 

photo Traces et mémoire de Junas
Tailleurs de pierre sous le kiosque

Les grands évènements

Les Rencontres de la pierre

Depuis plus de 30 ans, début juillet les Rencontres de la pierre réunissent des tailleurs, des apprentis compagnons autour de projets collectifs que l’ont peut admirer dans le village et dans les carrières. Des tailleurs de pierres de toutes origines de plus en plus nombreux viennent à Junas pour échanger leurs expériences, leurs réflexions sur les métiers de la pierre. Qu’ils soient tailleurs, sculpteurs, mosaïstes… ils créent pour l’occasion et bénévolement toutes sortes d’œuvres. La nouvelle association Des hommes et des cailloux organise des formations et ces rencontres festives.

 

Quelques œuvres

Le Kiosque
Installé sur la place de l’avenir, il a rassemblé pendant près de 10 ans des hommes et des femmes de métier dans la tradition des bâtisseurs des cathédrales. 4 mètres de haut, 8 m. de diamètre, 35 tonnes, c’est une demie sphère ajourée de 5 arches sculptées. Il représente symboliquement les 5 continents. On peut y retrouver Néfertiti, Ganesh, Janus, la planisphère en mosaïque et bien d’autres. Il provoque une acoustique étonnante pour celui qui se trouve en son centre même, sous l’oculus. C’est une œuvre de partage impressionnante.

Le four à pain
Commencé pendant les rencontres de 2013, il est adossé à une paroi rocheuse dans les carrières. Il mêle pierres sèches et blocs taillés. Il est coiffé de 4 têtes de gargouilles. A proximité se trouvent les colonnes de la chaine de l’amitié qui nous ont bien intrigués.

Statue de la Démocratie

La statue de la Démocratie
Implantée devant la Mairie, elle contraste par la couleur de la pierre qui vient du Zimbabwe (mais oui!). Elle a été réalisée par trois sculpteurs, dont deux africains, qui ont taillé dans une pierre « kingstone » qui a la particularité de présenter des teintes allant du gris au noir selon qu’elle est martelée ou polie. Elle est hautement symbolique.

La feuille, un projet d’envergure
Damery nous a parlé d’un projet urbain sous forme d’une feuille ajourée. Au stade de maquette, les tailleurs cherchent une commune susceptible de la financer et de l’installer . C’est un projet novateur pour une architecture en pierre.

 

Clin d’œil au Jazz

Le Festival de Jazz

Crée en 1993, il se déroule chaque été au mois de juillet avec des musiciens régionaux et internationaux reconnus ou a découvrir. Philippe et moi avons assisté à deux concerts inoubliables : Paolo Fresu et Yann Garbarek. La carrière devient un lieu magique méconnaissable.

 

 

Le lavoir

Le lavoir

Après avoir parcouru le vaste espace de la carrière où se trouvaient six puits et deux bassins, hélas tous à secs, prévus pour irriguer les petits jardins octroyés aux carriers, nous sommes partis en direction du lavoir tout en scrutant la cime des arbres pour tenter d’apercevoir le Grand-duc évoqué par Damery. Il a, semble-t-il, l’habitude de se percher sur la grande aiguille de la carrière tout comme dans une petite carrière perdue dans les bois de pins. Nous n’avons pas vu ce bel oiseau nocturne, mais seulement entendu son cri par l’Iphone de Philippe !
Au bout du sentier, l’espace s’agrandit en une sorte de grande place plantée de platanes centenaires qui abrite le grand lavoir. Deux bassins de lavage enserrent un grand bassin de rinçage pourvu d’eau. Inattendu et plutôt rare de voir un tel lavoir au bord du ruisseau de Corbière pour un petit village tel que Junas. Décidé en 1868 il fut construit en remplacement d’un lavoir dans le village devenu sec, mais terminé en 1903. Dur travail que celui de lavandière !

 

Le moulin de Corbière

Le moulin de Corbière

Encore quelques pas dans les bois et nous voici au moulin de Corbière. Après avoir longé un long mur de rocher creusé d’abris sous roche, nous atteignons et franchissons l’esclafidou, entrée du bief et du grand bassin d’approvisionnement en eau du moulin (resclause). Difficile d’imaginer ce grand espace rempli d’eau, tout est sec ! Au bout d’un très long mur de pierre sèche, nous découvrons les restes du moulin. Tout était complètement enfoui dans les buissons et même sous la terre. Les membres de l’association ont tout mis à jour. L’un d’eux connaissait l’existence du moulin mais ils ont dû creuser avec des pelles mécaniques et la force de leurs bras pour faire apparaitre les petits murs de l’ancien moulin. Ils ont découvert quelques meules mais surtout les canalisations, la chambre des meules, une voûte se terminant par un cul de four percé à sa base pour amener l’eau à un canon qui la projetait sur la roue à cuillère en bois (nous explique-t-on). Il comprenait une tour et une métairie et fut construit en 1482 par le seigneur d’Aubais pour moudre le grain en farine.
Les travaux de sauvetage sont engagés en 2005. De nombreuses questions se posent quant à son apparence et la durée de son fonctionnement. Le mystère de son existence doublé de l’admiration du travail fourni autant par les constructeurs que par les bénévoles qui l’ont fait renaître sont remarquables.

 

Le moulin à vent

Le moulin à vent

Après un temps de repos et de pique-nique où chacun a pu échanger à la fois sur le moulin, la pierre mais aussi la « monnaie libre » (le june) présentée par Damery, ainsi que sur les coopératives et l’épicerie participative, nous avons repris le sentier boisé pour atteindre un peu plus haut (et oui ça monte !) non loin de là, le moulin à vent. De forme circulaire comme beaucoup de moulin, il en reste le cylindre aussi haut que large, la porte surmonté de fenestrons et quelques marches de l’escalier intérieur. Juste un peu plus grand que celui d’Arpaillargues, il est à peu près dans le même état, si ce n’est la terrasse circulaire qui l’entoure. C’est aussi un moulin à grain qui porte la date de 1757 sur le linteau.

 

Le village

Nous atteignons ensuite les premières maisons du village. Certaines portant le décor surprenant d’une courge sur la boite aux lettres. Non ce n’est pas pour Halloween ! Le surnom des habitants, les junassols, serait les « cougourles » car ils cultivaient abondamment ce légume ventru et coloré !
Nous nous dirigeons vers l’école qui présente une mosaïque représentant Simone de Beauvoir. Pas si étrange, lorsqu’on sait qu’elle venait passer des vacances en compagnie de Jean-Paul Sartre au village. Junas est cité dans son ouvrage « La cérémonie des adieux ». Nous nous dirigeons vers le kiosque puis vers la Mairie et le temple orné de nouveaux vitraux en remarquant la double signalisation des rues : un panneau officiel accolé à un panneau en référence à un jazzman. Nous atteignons ensuite l’Épicerie.

Le Comptoir Junasol

Le comptoir Junasol

Damery nous ouvre les portes de l’épicerie du village. Plus qu’une épicerie, c’est un lieu de partage, une société coopérative d’intérêt collectif. C’est un projet mené par une dizaine de villageois refusant la disparition du commerce du village. Il privilégie les produits locaux et bio aux justes prix. Damery nous avait expliqué son fonctionnement avec passion.

La boucle est bouclée, nous atteignons à proximité le parking des aires.
Ce fut une journée riche en découvertes. Ce petit village a de nombreux atouts : la pierre omniprésente et tout ce qui en découle, créations, manifestations mais aussi partage et convivialité. C’est un esprit qui nous correspond et pourquoi pas nous inspire.

Pour aller plus loin

Quelques photos de la fête

 

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