A la découverte de la garrigue : 2ème volet, « La garrigue et ses hommes »
Clément Martin, insatiable collecteur des mémoires de garrigue, revient pour une conférence ce vendredi 5 février à Arpaillargues. Auteur du livre « La garrigue et ses hommes » aux Editions des Ecologistes de l’Euzière, référence en la matière, il développera par de nombreuses illustrations le volet ethnologique de l’histoire de la garrigue.
Ancien professeur de SVT, cheminant inlassablement dans la garrigue de la Vaunage et d’ailleurs, curieux, attentif, il a acquis une connaissance de la garrigue sous tous ses aspects : botanique, ornithologie, géologie, préhistoire, archéologie, architecture.
Issus d’une économie pastorale extensive et d’une exploitation intensive des chênes verts et blancs dès le néolithique, les territoires de garrigue constituent des espaces ouverts, arides et dégradés caractéristiques des régions méditerranéennes. « Comment, dans cet endroit si pauvre, l’homme a-t-il pu vivre tant bien que mal ? ». C’est à cette question que Clément Martin tentera répondra à travers l’évocation de la vie sociale et économique de nos garrigues : les espaces bâtis (clapas, murs de pierre sèche, cabanes, bergeries, fours à chaux, capitelles-cuves), la gestion de l’eau (citerne, aqueducs, pouzarenques, glacières, etc.), l’exploitation des végétaux. Son propos sera illustré d’un exemple : celui du Mas de Souloumiac, une grande ferme languedocienne isolée sur le plateau calcaire de Lussan.
Gageons que Clément saura, comme à son habitude, captiver son auditoire et l’entraîner dans ses balades pleines d’émotions.
Date : Vendredi 5 février 2016 – 14h30 – Salle polyvalente d’ArpaillarguesCette année, Clément Martin a centré sa conférence sur l’homme, qui, avec l’aide des animaux et des plantes, a façonné notre territoire.
Passionné par la garrigue, il a parcouru la région pour recueillir les souvenirs et les témoignages des anciens et il a consulté des archives du Ministère de l’Intérieur et des Préfectures où tout était consigné, du tannage des peaux au gemmage du pin d’Alep, ou aux essais de culture du coton.
L’Homme de Tautavel, comme celui de Neandertal n’ont pas eu d’impact sur le milieu naturel, mais au Néolithique, l’apparition du blé et du mouton va tout changer et générer nos garrigues.
Ces hommes vivaient dans des cabanes (comme à Cambous, Hérault) cultivaient du blé et fabriquaient du fromage, des faisselles et des faucilles en témoignent. Le travail de la femme (« la beauté de la femme ») était prépondérant nous déclare Clément dans un vibrant hommage !
Le territoire est découpé en trois zones : la forêt (silva), le parcours des moutons (saltus) et les terres cultivables (ager). Les gaulois puis les Romains ont maintenu ce découpage.
Clément a ensuite évoqué l’espace bâti, fasciné dit-il par l’ingéniosité de l’homme à vivre dans ces endroits si pauvres.
L’homme a du épierrer les terres et constituer des enclos, souvent surmontés d’épis de faîtage, des cabanes, des mas, mais aussi des parrans (pour la culture des légumes), des ferratgieras (terre de fourrage vert pour les brebis allaitantes), des amairidous (de maire= mère, enclos réservés aux jeunes agneaux), des bergeries avec des piliers (méjan) supportant les poutres courtes de chêne, ou des voûtes, où était accroché un bouquet prophylactique (Ellébore). Il a évoqué les tours de berger, les cabanes des charbonniers, les fours à chaux, mais aussi les citernes, les chemins de l’eau et aqueducs comme au mas de Laval ; les puits, les norias (qui ne fonctionnent que par la force de l’eau) et les pouzaranque (actionnées par un mulet) pour remonter l’eau si précieuse.
Il a enfin signalé trois arbustes essentiels :
- le buis et son engrais (car riche en azote), utilisé aussi comme litière et pour la fabrication de petits objets (boules de pétanque, couverts…),
- le chêne kermès et son tan tiré de l’écorce et des racines si utile aux tanneries,
- le genévrier cade et son huile qui guérit toutes les maladies du mouton.
La conférence-diaporama, suivie par trente personnes très intéressées s’est clôturée par un petit goûter où nous avons dégusté d’excellentes confitures maison, un avant goût de la « Fête de la confiture et autres mixtures » !
Laisser une réponse