10 septembre 2024 – Visite des églises romanes de l’Uzège

Eglise Saint-Géniès

Le mardi 10 septembre :

Les Églises romanes de l’Uzège. Parcours en voiture pour visiter les différentes églises romanes des villages de l’Uzège avec Bernard Malzac, passionné d’histoire et fondateur des Éditions de la Fenestrelle.

Parcours proposé par Bernard Malzac

RV à 9h salle polyvalente d’Arpaillargues et Aureilhac

 

Ça c'est bien passé

Église  Saint-Géniès

Septembre est une bonne période pour reprendre nos sorties. Par un temps superbe pour la balade, treize zébriniens ont suivi Bernard Malzac sur la piste des églises romanes de l’Uzège. Nous allions observer trois églises, toutes différentes avec chacune leurs caractéristiques.

 

 

 

Bernard Malzac et Jacques Mur

Nos guides

Bernard Malzac

Presque tout le monde connaissait Bernard, mais pour les quelques nouveaux, Philippe a présenté ce passionné d’histoire, créateur des « Editions de la Fenestrelle« , qui a publié plus de 300 livres sur l’histoire de la région. Il a été aussi pendant vingt ans directeur de l’ITEP des garrigues, mais aussi Maire de Sanilhac-Sagriès, Président d’HCU, Co-créateur de la Nouvelle Cigale Uzétienne… et de plus, natif de Serviers. Un homme-orchestre bien occupé, qui a eu la gentillesse de nous guider vers le patrimoine roman après nous avoir fait découvrir la Vallée de l’Eure en 2017, et la Sériciculture en  2022. Bernard nous a fait connaître aussi Jacques Mur à qui il a confié le commentaire de l’église de Bourdic.

Jacques Mur

Là aussi il s’agit d’un passionné, un bourdicois, qui, la retraite venue, s’est intéressé à l’église de son village dont on ne savait presque rien. Après de minutieuses recherches, il peut commenter longuement son architecture et son histoire, entre autres celle de sa fameuse coupole.

 

L’Art roman

En préambule Bernard a proposé une courte définition de cet art qui prospère en Europe du 10e s. au 12 e siècle et se caractérise par un aspect massif des édifices religieux et une grande sobriété des lignes.

 

 

Eglise Saint-Géniès

L’Église  Saint-Géniès d’Uzès

La première église du parcours se trouve sur un site romantique au nord de la ville. Elle fut entourée de pins abattus par la tempête de 2014 mais le site réaménagé reste remarquable.
Édifiée au 11e s. , elle est dédiée à Saint Géniès un martyr arlésien (ou uzétien) du IV e s.. La Villa Sancti Genesti est mentionnée en 1156 et se trouve à proximité du Bourg Saint-Firmin.

 

 

Plan de JM Bégue (Musée d’Uzès)

Les fouilles

Ces ruines ont été fouillées en 1858 par l’architecte Joseph Maurice Bégue qui en a fait un relevé présent au Musée d’Uzès. Cet architecte a restauré de nombreuses églises en Uzège. Elle était longue de 20 m. et large de 18. Il n’en reste que l’abside en cul-de-four et deux chapelles. Au centre, une croix de rogation du 19e s. : ces  croix étaient implantées aux points cardinaux pour protéger les récoltes.

 

Lettre L sur la lésène

L’architecture

Solidement bâtie avec de grosses pierres calcaires un peu frustes, elle présente des arcatures et des lésènes (lisières), des ouvertures assez grandes car l’art de la voûte connu dans l’antiquité venait d’être redécouvert. Sa caractéristique principale est la présence d’un alphabet. Il faut attentivement observer les pierres pour y lire des lettres gravées du J au P, le reste se trouvant dans les parties détruites. Cet alphabet pouvait être une manière de consacrer l’édifice. Elle présente aussi une pierre de réemploi qui porte l’inscription latine dont la traduction est : « Le 5 des calendes de mai mourut Bertille de bonne mémoire« . Bertille était une compagne de Dhuoda, première femme à avoir écrit un précis d’éducation pour ses fils, épouse de Bertrand de Septimanie qui l’a exilée à Uzès sous l’égide de l’Évêque Eléphantus.
Ces belles ruines ont échappé à de nombreuses vicissitudes, entre autres à un projet de lotissement dans les années 1980.
La dernière curiosité attachée à cette église est, oh surprise! la récupération des pierres, soit disant par les habitants d’Arpaillargues. Nous en étions désolés mais il va peut-être falloir les rechercher avec ou sans alphabet, l’église du village comptant quelques belles pierres à décor de chevrons comme à Saint-Géniès !

 

 

Église Notre-Dame de Gattigues

L’Église Notre Dame de Gattigues , (commune d’Aigaliers)

Histoire

La deuxième église du parcours, datée du 12e s. est un prieuré casadéen, c’est à dire qu’elle dépend de l’abbaye de  » La Chaise-Dieu « , cette grande abbaye fondée par Robert de Turlande, qui a rayonné dans toute l’Europe. Bernard nous a montré une carte des sites casadéens forts nombreux. La « casa Dei », (maison de Dieu) avait de gros besoins et donc de nombreux prieurés étaient chargés de rassembler et d’acheminer de nombreuses denrées venues de foires comme celle de Beaucaire. Gattigues était placée sur un des axes de communication.

Architecture

Peintures 17e s. et abside

L’édifice est en belles pierres de calcaire fin, appareillées à joints vifs. Il présente une abside avec meurtrières surélevées d’une arcade et deux absidioles pouvant être au nombre de sept car des départs d’arrondis sont encore visibles. L’église devait avoir le même schéma que le « Saint-Sépulchre » de Jérusalem, ou l’abbaye de Montmajour. Une maquette nous la présente en forme de croix lobée ou croix grecque, une forme rare dans la région.
Son portail est très beau, encadré de chapiteaux avec une voussure et une arcature ornée de denticules propres à l’art roman. A l’intérieur l’abside présente des peintures du 17e s. révélées par une rénovation en 1990, des chevrons ocres et des motifs floraux naïfs et élégants. Elle possède des arcs doubleaux qui permettent d’alléger les charges, comme les triangles de décharges des vieilles maisons et des cabanes de pierre sèche. On peut y remarquer une cippe antique en réemploi et une jolie croix de consécration du 17e s..

 

 

Église Jean-Baptiste de Bourdic

L’Église Saint-Jean-Baptiste de Bourdic

C’est une église paroissiale, centre religieux de la paroisse dont dépendent les églises des villages voisins comme Garrigues, Sainte-Eulalie…

Architecture

Elle présente à l’extérieur des arcatures lombardes avec décor à modillons. Son tympan est en demi-lune, on ne voit pas d’absidiole et des fenêtres sont rebouchées. Son transept est large et présente une coupole, chose rare pour la région. Cette jolie coupole repose sur des trompes coniques décorées de denticules. C’est la plus belle partie de l’église aux dires de notre guide qui brûle de nous conter son histoire trop longue, il nous invite à revenir pour la découvrir !

Histoire

La coupole

L’église a été remaniée par des chanoines augustins du chapitre d’Uzès dans la deuxième moitié du 12 e siècle après qu’ils aient construit le prieuré Saint-Nicolas de Campagnac et avant de se rendre à Collorgues et Gourdouze, des communes liées par une organisation de la transhumance.
Jacques Mur s’est posé la question de la présence des Augustins à Bourdic. Une longue histoire a suivi que je vais essayer de résumer !
La réponse à cette question a été trouvée dans une » Bulle du Pape Calixte II » à Gottingen. Ce pape fervent défenseur des pèlerinages et du Chemin de Compostelle apprend qu’un chemin secondaire passant par le Gardon à Campagnac pose problème. Il demande à l’Évêque d’Uzès dont le chapitre était désordonné d’y remédier et en contre-partie donne aux chanoines le prieuré de Saint-Nicolas de Campagnac et Bourdic. C’est ainsi que les chanoines suivant la règle des Augustins, plus sévère, reconstruisirent l’église de Bourdic. Ils construisirent le transept, la coupole en beaux blocs de pierres à joints fins sur une église consacrée au 10e s. et agrandie par les clunisiens au 11e s.

 

Fresque de L’Assomption de la Vierge

La fresque

Au 19e s. l’église est enduite et peinte. Restaurée en 1968 on y découvre une petite fresque dans une absidiole empattée (incluse dans le mur) ce qui est rare. Une colombe, des angelots et un personnage central évoqueraient selon des spécialistes l’Assomption de la Vierge peut-être réalisées au 14 ou 15e s. Comme à Crémieu en Isère.

Autres éléments d’architecture

On peut également y observer :

  • Une « Litre seigneuriale ou funéraire », bande noire qui court sur les murs (comme à Laudun). Signe que les seigneurs de Bourdic ont pu y être enterrés.
  • De petits chapiteaux présentent un joli décor clunisien à rinceaux foliés. « Rien n’est trop beau pour la maison de Dieu » pour les Clunisiens. Alors que pour les Augustins et les Cisterciens, « Tout doit favoriser la relation avec Dieu » et de préférence dans l’obscurité, ce qui explique les ouvertures bouchées, déclare notre guide.
  • La petite sacristie contiguë est reliée par un étroit couloir creusé dans l’épaisseur du mur.
  • La tribune accessible par un étroit escalier débouche sur un large balcon présentant des pierres au décor en chevrons, martelées et gravées de lettres, marques décoratives des tailleurs de pierres qui signaient leurs œuvres.

Notre guide a conclu sa présentation par une citation d’Anatole France : « Les pierres parlent à ceux qui les entendent« . Il aurait encore pu, lui aussi, en parler longuement mais il était temps de partir.

 

Pierres décorées

Impressionnés par ces deux passionnés, nous nous sommes quittés, invités chaleureusement à revenir, la tête pleine d’éléments d’art roman, d’histoires complexes et de vieilles pierres qui parlent !

 

 

 

 

 

Pour aller plus loin

 

Quelques photos de la visite

 

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