Lorsque l’on emprunte la jolie route départementale entre Lussan et Saint-Ambroix on ne peut qu’admirer le château d’Allègre qui se dresse fièrement sur la colline rocailleuse. Dix sept zébriniens ont décidé, ce lundi 13 septembre, de prendre d’assaut ce château mystérieux.

Il fait chaud mais personne n’hésite à emprunter la calade qui conduit en une montée raisonnable jusqu’au Castrum. Car il s’agit d’un castrum nous précise le jeune guide et nom pas d’un château. C’est à dire un village fortifié, un village de chevaliers.

La Calade

Bien plus facile à emprunter qu’un sentier pierreux, cette calade a été réalisée par des chantiers de jeunes des Maisons rurales en trois ans de 2011 à 2013. On leur en est bien reconnaissant. Elle est faite d’escaliers et de pentes en pierres et chaux et monte sur 300 mètres jusqu’à la première enceinte.

L’Association du château d’Allègre

Notre guide fait partie de l’association qui œuvre depuis 1992 pour la restauration, l’entretien, la recherche et la mise en valeur du château. Elle organise chaque année une grande fête costumée et de nombreuses visites. Composée d’une soixante-dizaine de membres et d’une dizaine de membres actifs, elle compte quelques jeunes dont notre guide Théo, fils et petits fils des créateurs de l’association. Sympathique et volubile, il émaillera sa présentation d’anecdotes et d’humour.

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La table d’orientation

Juste après le premier arrêt à l’entrée du castrum, ayant franchi la première enceinte et passé devant les ruines d’une maison du vieux village, nous admirons le panorama de 320 degrés sur le Mont Bouquet, les Cévennes, l’Aigoual… en suivant les indications de la table d’orientation. C’est là que notre guide nous permet de situer le village d’Allègre les Fumades mais aussi de Salindres où habitent encore divers membres de l’association.

Le castrum

L’occupation du village est attestée dans des archives à partir du 12e siècle. Investi dès le 11e s. , sans doute par la famille Allègre, d’où sont nom, il fut occupé par un groupe de 3 coseigneurs qui au fil du temps se retrouvèrent à 6 puis 12 sous le pouvoir d’un seigneur dominant. Tous vassaux du Comte de Toulouse et de l’Évêque d’Uzès et bien sûr du Roi de France.
C’est un fort que se partagent des coseigneurs, un système particulier au midi languedocien. La société médiévale, très avancée en Languedoc, donnait les mêmes droits de succession aux filles et aux garçons ce qui explique l’évolution du castrum en coseigneurie.

Chaque seigneur possède une tour et une maison noble ainsi que des terres et des droits, ce qui agrandit le castrum.

Il est inscrit aux titres des monuments historiques depuis 1997.

Les bâtiments

Pratiquement tous en ruine et sans toit, ils sont tout de même impressionnants. De grands et longs pans de murs ouverts d’arcs en plein cintre, fenêtres, meurtrières, archères, trous de boulins… Les tours et maisons seigneuriales ont été reliées par un grand mur d’enceinte protectrice surélevée au fil du temps comme en témoigne l’appareillage. Car la forteresse quasiment imprenable a tout de même subi des assauts, entre autres des tuchins au 14e s., ce qui explique son état. Les charpentes et les toits ont été brûlés pour anéantir la forteresse.

Dès le 17e s. Allègre est très largement ruiné. Des cartes postales du début du 20e s. le montrent presque dans le même état qu’aujourd’hui.

La chapelle

Composée d’une petite nef unique, elle possède encore une jolie abside en cul de four et deux fenêtres, l’une à moitié fermée par le mur d’enceinte. Sa voute est effondrée.

L’ensemble palatial

Édifice majeur de la forteresse, il devait comporter une quinzaine de pièces. On peut voir encore un ensemble de hauts murs délimitant une tour et un logis avec une belle fenêtre surmontée d’un arc en plein cintre, une porte romane avec système de fermeture, une voûte bien appareillée, un escalier, des trappes… Un pressoir à olives fut découvert dans les caves puis recouvert pour conservation. Car les gentilshommes avaient le droit d’effectuer certains travaux comme ceux de la verrerie et des moulins. De nombreux oliviers entouraient le castrum et le bois alentour servait de combustible. La coupe permettait ainsi la vue et la défense du castrum.

Les autres bâtiments

Se succèdent d’autres bâtiments. Outre le four à pain, en bon état, ils sont composés de tours et de logis.

La tour Nord-Est témoigne d’un réel confort du 12e s., car elle est équipée de latrines superposées (une pour chaque étage) avec siège et sortie au pied de la tour.

La tour Est présente une porte à l’étage supérieur et un canal de récupération des eaux. L’eau si importante est un mystère à Allègre, nul puits ou citerne n’ont été trouvés.

La maison Loubier, seule maison possédant un toit refait par l’association possède une cheminée récente car à nouveau aucune cheminée n’a été découverte dans les différents logis, ce qui incite à penser que le castrum était habité pendant les périodes les moins froides, les différents seigneurs ayant d’autres possessions plus confortables, ce qui expliquerait aussi l’état de délabrement et d’abandon du site. Ce fut la dernière maison habitée par un paysan, Mr Loubier, jusqu’en 1910. Elle est toujours ouverte pour accueillir les membres de l’association mais aussi les randonneurs.

La description du castrum est si complexe que je vous invite à visiter le site de l’association de sauvegarde où tout est bien expliqué en détail en suivant la « visite guidée du château ».

Le mystère du castrum n’est pas complètement percé mais la visite fut agréable et les zébriniens satisfaits.

Pour aller plus loin

• Association du château d’Allègre
• Le château d’Allègre de Sophie Aspord (Congres archéologique de France) Gallica
• Vidéo de Mikael Palatan

Quelques photos de la visite