Visite guidée de l’exposition « De cabanes en capitelles »du Musée G. Borias par Brigitte Chimier, suivie de la balade des cabanes d’Arpaillargues à la découverte des cabanes au nord du village dont certaines peu connues, situées au détour des chemins ou cachées derrière des rideaux de salsepareille (balade facile mais nécessitant des chaussures de marche).
Rendez-vous : 14 h au Musée et 15 h devant la salle polyvalente d’Arpaillargues.
La première visite guidée de l’exposition « De cabanes en capitelles » suivie de la balade in situ pour voir « en vrai » les cabanes d’Arpaillargues a regroupé une douzaine de personnes.
Expositions du Musée
Brigitte Chimier a organisé du 12 octobre au 31 décembre 2022, une exposition « De cabanes en capitelles, la pierre sèche en Uzège », à partir de l’inventaire photographique réalisé par Marcel Duret pendant plus de 15 ans et dont le musée est dépositaire. L’expo présente une sélection de ses photos avec une restitution des capitelles dans leur contexte historique, social et technique.
Architecture vernaculaire (traditionnelle et locale)
Le nom de ces constructions varie selon les régions et les pays : Gariotte, Caselle, Borie, Cabanon pointue, Cadole, Orri, Trulli, … Capitelle et Cabane.
A Arpaillargues, on les nommait « cabane » associée au nom du propriétaire ou à sa forme. C’est ainsi que nous avons la cabane du saigneur, celle du Paris, du manchot, du Pierroume, la cabane blanche, la carrade…
Le terme capitelle de Nîmes a tendance a remplacer le terme cabane, plus précis peut-être, plus mélodieux, pourquoi pas ?
Techniques de construction
Les constructions de pierre sèche sont réalisées sans mortier, avec la technique de la voûte à encorbellement.
Une voûte intérieure est montée en plaçant les pierres les unes au dessus des autres avec un léger débord des pierres supérieures sur l’assise inférieure jusqu’au sommet. La voûte est fermée par une pierre sommitale (ou terminale).
Le parement extérieur est monté de même avec là une inclinaison permettant le ruissellement d’eau vers l’extérieur pour l’étanchéité de la cabane. Souvent une pierre dressée (ou faitière, ou flamme) est placée au sommet pour terminer la construction. Entre les 2 parements des pierres de tailles différentes viennent combler les deux peaux généralement bien calées mais parfois remplacées par de la mitraille.
Cf le livre réalisé par Philippe : Architecture vernaculaire en pays d’Uzège Ed. La Fenestrelle.
Visite guidée au Musée
Brigitte a présenté son exposition constituée de 26 panneaux, toujours avec autant de clarté et de pertinence. Elle a évoqué le contexte historique, la variété des formes, le savoir-faire mais aussi la fragilité et la préservation de ce patrimoine de pierre sèche ainsi que les associations qui y participent comme la nôtre !
Elle a présenté Marcel Duret « au service de ce petit patrimoine » qui a inventorié plus de 600 cabanes et qui, en 14 ans, de 1984 à 1998, en a photographiées plus de 200 sur 18 communes de l’Uzège. Un véritable passionné par ce petit patrimoine.
Les cabanes d’Arpaillargues et Aureilhac étaient bien représentées. Brigitte en a constitué 3 panneaux regroupant 32 cabanes. Il y a 4 panneaux pour Uzès, 4 pour St-Quentin-la-Poterie et 2 pour Blauzac, d’autres rassemblent plusieurs villages.
Elle a évoqué aussi les passeurs de mémoire rencontrés par Sylvaticus, le nom de plume de Marcel Duret pour le Républicain d’Uzès. Ces anciens lui ont transmis des anecdotes qui figurent dans l’expo et dans le catalogue de 76 pages que l’on peut se procurer au Musée.
C’est ainsi qu’en ce qui concerne Arpaillargues, on peut apprendre que les femmes du village venues participer au défrichement des terres de la Librotte, les épierraient en ramassant les pierres dans des paniers d’osier puis les portant sur leurs têtes les jetaient sur un clapas. On y apprend aussi hélas, que la cabane du Pierroume, une des plus belles du village, fut détruite, les pierres « récupérées » par un maçon d’Uzès dans les années 70 !
Brigitte nous a appris aussi que la cabane datée la plus ancienne de l’Uzège était de 1738. Et elle se trouve à Arpaillargues !
Elle a aussi précisé que ces constructions correspondent tout à fait aux préoccupations écologiques actuelles et qu’elles bénéficient d’une reconnaissance comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO depuis 2018.
Visite des cabanes d’Arpaillargues
Il était temps de se déplacer et d’aller voir ces constructions de pierre sèche. A 15 h nous commencions la balade en suivant le parcours prévu, déjà décrit dans la balade du 23 septembre.
Les randonneurs fort intéressés ont découvert une dizaine de cabanes, certaines, habitant le village, ne les connaissaient pas. Tout le monde a admiré le savoir-faire de ces anonymes qui ont œuvré dans les garrigues à l’édification de constructions qui perdurent depuis plus de 200 ans.
Les cabanes ou capitelles du parcours
Nous tenons à signaler d’emblée que les cabanes que nous allons voir sont dans leur ensemble sur le domaine privé, seule la cabane de l’enclos de Coste Joulène est communale. Nous pénétrons donc dans les enclos non fermés et nous recommandons bien sûr de respecter les lieux.
La cabane du joli clos
Cette belle cabane en parfait état se trouve dans une parcelle très bien entretenue. Elle représente parfaitement la cabane-type où on rangeait des outils et des objets divers pour entretenir le terrain ou passer un moment agréable dans la nature. En belles pierres de calcaire dur, elle est en forme de bonnet (en obus selon les critères de M. Duret qui distingue plusieurs formes : conique, en obus, pyramide de plan carré…). Elle a 2 niches et, chose plus rare, une cache (supposée) au ras du sol de 1,20 m de profondeur.
La cabane abimée
De l’autre coté du chemin, une grande cabane, hélas bien endommagée, se trouve sur un mur entre deux parcelles. Une partie du parement extérieur est éboulé et nous permet d’observer la technique de construction, qui ici n’est pas parfaite, ce qui explique peut-être son état.
L’enclos de Coste Joulène
En poursuivant le chemin nous atteignons l’enclos communal entouré de murs que La Zébrine a restaurés. Les murs des deux cotés du chemin le long de la parcelle sont l’œuvre des muraillers de l’association. Les cairns qui les surmontent sont eux, l’œuvre des promeneurs qui s’exercent avec talents à la sculpture en équilibre. Les enfants et les grands aussi semblent adorer créer ces cairns très nombreux de toutes tailles et de toutes formes (appelés aussi Montjoies). C’est un vrai espace de liberté. La pierre ne manque pas, elle jonche le sol et les tas de déblaiement pour la restauration des murs fournissent les créateurs en herbe.
Dans l’enclos, la petite cabane, les bancs et les œuvres de Land art accueillent les promeneurs :
- La cabane : comme l’indique le panneau à l’entrée de l’enclos, elle a été restaurée par deux muraillers expérimentés. Maurice Roustan (la référence pour la pierre sèche pour la région) et Jacky Maurin qui sont deux bâtisseurs exceptionnels de l’association Aserpur.
- Les bancs et petits murs ainsi que le grand mur en opus incertum sont l’œuvre des zébriniens . Voir l’article
- Le Land art : l’exposition de juin 2021 a rassemblé des amateurs d’art contemporain à partir d’éléments naturels. Voir l’article
La grande cabane de Coste Joulène de 1778
Cette grande cabane toute proche de notre enclos ne figure pourtant pas dans L’inventaire du petit patrimoine de 2008 car nous ne l’avons découverte, enfouie dans les broussailles, que depuis 4 ou 5 ans. Elle est datée sur son linteau. C’est une des plus anciennes cabanes datées du village, elle est de l’époque de Louis XVI et se porte bien pour ses plus de 240 ans. En parfait état elle présente un contre-fort extérieur, une niche et un double linteau très épais.
Les cabanes jumelles
En poursuivant le chemin sur la gauche du chemin de Fontèze et en laissant à droite le chemin qui conduit à la grande bergerie, nous pouvons apercevoir deux cabanes sur le même mur de séparation de parcelle. Toutes deux très belles et parfaitement construites par un ou des bâtisseurs expérimentés.
La première a la porte orientée au sud avec une sorte de couloir d’entrée, deux gros linteaux, deux niches. Les parements sont parfaits, constitués de longues pierres plates bien alignées et bien calées.
Pas de date mais deux inscriptions récentes (1970), graffitis laissés par des chasseurs ou des promeneurs !
La deuxième avec la porte orientée sud-ouest présente 4 dates, c’est exceptionnel ! Sur le linteau, les deux piédroits et la dalle sommitale. Les dates des piédroits sont très visibles : 1804 (plus de 200 ans, du temps de Napoléon). Là aussi, perfection du parement intérieur, des lits de pierre remarquables.
Nous poursuivons le chemin qui se transforme bientôt en sentier qui serpente entre les pins et les murs de pierres sèches en passant sur la grande dalle de pierre pour retrouver le chemin de Cantarel.
La cabane du manchot
Nous sommes passés devant une cabane proche du chemin mais observée de loin, pour nous diriger vers la cabane nommée par M. Duret. Son inventaire notait cette cabane que nous ne connaissions pas Philippe et moi et que nous avons cherchée longuement, n’hésitant pas à « bartasser », et que nous avons trouvée cette année (Elle n’est donc pas sur l’inventaire et il y en a d’autres à découvrir !). C’est une belle cabane « rustique » avec de grosses pierres dures, plus basse et plus massive que les précédentes. Elle n’a ni date, ni niche. Sa porte est orientée à l’ouest. La parcelle était plantée d’oliviers morts aujourd’hui et remplacés par un enchevêtrement de pins et de chênes.
La cabane du Paris (dixit M. Duret)
Nous la connaissions pour être l’ancienne propriété de Christiane Chabert, spécialiste de la pierre sèche, habitant Bourdic. La cabane est trapue, de forme ovoïde, au sommet aplati. Sa porte est décentrée, surmontée d’un larmier. Elle présente, chose plutôt rare, une cheminée. Elle est aussi en très bon état.
La cabane de la grand vigne
Le temps passant trop vite nous avons décidé d’écourter la balade prévue et nous sommes rentrés au village en passant devant la cabane dite « de la grand vigne », cette longue parcelle cultivée en vigne et qui s’appelait autrefois « la grande olivette ».
Construite sur le mur d’enclos, elle est encore belle bien que découronnée par un groupe d’enfants en 1985 aux dires de M. Duret. Dommage car elle présentait une date : 1825, sur la pierre sommitale disparue.
Cabanes à proximité sur le circuit prévu pour la balade du Musée
La belle cabane
Non répertoriée aussi sur l’inventaire du petit patrimoine de 2008, elle est pourtant à proximité du chemin. Grande et bien construite elle est en très bon état malgré les branches qui la surmontent et qui doivent frotter par grand vent. La date de 1844 doit figurer sur la dalle terminale (dixit Duret)
La cabane de Méric
La plus connue et la plus belle du village, elle est de facture parfaite à l’extérieur comme à l’intérieur et elle se trouve dans un enclos planté d’oliviers bien entretenus, l’enclos-type.
A l’intérieur, des outils et des objets comme dans la première cabane observée. On pourrait se croire 100 ans en arrière ou plus ! Elle a été restaurée car elle aussi avait subi les dommages du même petit groupe d’enfants. Bravo à ses propriétaires.
En conclusion
Ce fut une agréable balade, Philippe et Annie qui la guidaient, contents de partager leurs intérêts pour ce patrimoine et leurs découvertes grâce à l’inventaire de Marcel Duret, sont prêts à recommencer.
Une deuxième balade est prévue le samedi 19 novembre.
Deuxième balade
La deuxième visite de l’exposition et des cabanes du 19 novembre a rassemblé aussi une douzaine de personnes. Nous avons pris le chemin à l’envers afin d’essayer de voir toutes les cabanes prévues tout en marchant d’un bon pas.
Nous indiquons ce parcours pour ceux qui souhaiteraient le refaire en renvoyant sur la description des même cabanes.
Nous avons pris le chemin de Cantarel en direction du Clos des vaques puis le chemin de la jasse. Nous avons alors suivi le sentier du Clos pour rejoindre le chemin de Serviès à Arpaillargues où nous avons pris à droite le chemin du Clos de Brousson qui nous a conduit à la belle cabane de Méric, la plus belle du village. En poursuivant le chemin nous avons atteint la belle cabane à demi cachée par la végétation. Poursuivant le parcours par le chemin qui traverse jusqu’au maset de Nelly nous avons retrouvé le chemin de Cantarel pour observer la cabane du Paris puis celle du manchot. Revenant un peu sur nos pas nous avons bifurqué à gauche et suivit le sentier qui passe par la grande dalle de pierre et serpente dans les bois jusqu’au chemin du Clos de trosse où nous avons pu admirer les deux cabanes jumelles puis nous avons poursuivi le chemin jusqu’à Coste Joulène par le chemin de la Barboye pour atteindre la cabane abimée qui permet d’observer la technique de construction et enfin nous avons terminé cette balade par la cabane du joli clos parfaite cabane dans son enclos et nous sommes revenus vers le village.
A part la grande cabane de Coste Joulène de 1778, indiquée mais pas observée nous avons vu toutes les cabanes prévues, c’est à dire une dizaine en 2 heures.
Les visiteurs étaient très attentifs, certains avaient déjà suivi la balade de Blauzac.
Il est toujours agréable de rencontrer des personnes curieuses et intéressées par ce patrimoine de pierre sèche qui nous passionne !
Pour aller plus loin
Quelques photos de la visite
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